Chapitre 7 – Anciens combattants juifs : À la mémoire de ceux qui ont servi
Les années de guerre, de 1939 à 1945, ont été difficiles pour la communauté juive dont les membres s’inquiétaient du sort de leurs proches en Europe. Les journaux locaux donnaient de terribles nouvelles concernant les restrictions qu’on infligeait aux Juifs et des attaques à leur encontre. Les familles Boyaner et Elman écoutaient les nouvelles en provenance d’Allemagne sur leur poste récepteur d’ondes courtes. En 1945, on savait que plusieurs familles de Saint John avaient perdu des membres dans l’Holocauste.
Ces inquiétudes ainsi que les liens patriotiques solides qu’ils avaient noués avec leur pays d’adoption ont poussé plus de 80 hommes et femmes de la communauté juive de Saint John à s’engager dans l’armée pour servir au cours de cette guerre.
Service militaire
L’enrôlement des juifs de Saint John dans l’Armée canadienne, l’Aviation royale du Canada et la Réserve de volontaires canadiens de la marine royale a commencé avant la déclaration de guerre et s’est accéléré après. La plupart occupaient des postes derrière les lignes, comme commis de bureau, aides-infirmières, constructeurs de routes, membres des équipes au sol, radiotélégraphistes à terre et instructeurs. Moins de vingt d’entre eux ont servi à l’étranger, et seuls quelques-uns se sont retrouvés dans des situations dangereuses.
En outre, quelques anciens habitants de Saint John se sont engagés dans l’Armée des États-Unis et la Marine américaine. Au moins deux hommes ont participé aux campagnes pour libérer l’Italie.
Un petit groupe de femmes s’est engagé au sein du Service féminin de l’Armée canadienne, de l’ARC et de la Croix-Rouge canadienne. Elles ont assumé des fonctions de commis au Canada et en Angleterre.
En fin de compte, seules quelques blessures ont été signalées. Chose étonnante, toutes ces personnes ayant servi, sauf une, sont revenues à la fin de la guerre. En effet, le Dr Frank Boyaner a contracté une pneumonie et est décédé dans un hôpital anglais. Sa dépouille est enterrée au cimetière militaire de Brookwood, près de Surrey, en Angleterre.
À la fin de la guerre, les personnes démobilisées sont rentrées à la maison et ont soit repris leur ancienne carrière, soit créé de nouvelles entreprises.
Front civil
Les citoyens juifs se sont joints à d’autres communautés pour recueillir des fonds dans le cadre des campagnes de vente des obligations de la Victoire (communément appelées « bons de la victoire »), collecter des marchandises de récupération, donner de leur sang et divertir les troupes. Certains hommes trop âgés pour s’engager, patrouillaient les rues de Saint John la nuit et faisaient appliquer le black-out alors imposé. Saint John était considérée comme une cible potentielle en raison de son port. Des précautions ont donc été prises contre toute activité éventuelle de sous-marins dans la baie de Fundy.
Sur la scène locale, Jennie Brownberg s’est particulièrement distinguée par son effort de guerre. Elle a ouvert ses portes aux militaires en visite. Pour eux, sa demeure est devenue un lieu où déguster de bons repas maison et se divertir en toute quiétude. De nombreuses personnes ont écrit des messages dans son livre d’or et lui ont envoyé des lettres de remerciement pour son hospitalité. En 1944, elle est devenue directrice du Jewish Servicemen’s Centre et a travaillé avec la Croix-Rouge.
En février 1946, les membres de la synagogue Shaarei Zedek ont organisé une cérémonie pour accueillir les militaires de retour à la maison. À cette occasion, on a dévoilé une plaque énumérant tous les membres ayant servi le roi et le pays.