Joseph Messervier et la fabrication d’accordéons
Audio : Entrevue avec Marcel Messervier par Guy Boucher. Archives du Musée de l’accordéon. Collection Raynald Ouellet. 1980
Photographie : Joseph Messervier, Marcel Messervier et Marcel Messervier fils. Archives du Musée de l’accordéon. Collection Raynald Ouellet. Vers 1970-1975
Intervieweur : Monsieur Messervier [Marcel], comment êtes-vous venu à construire des accordéons? Parce que c’est un métier qu’on n’apprend pas à l’école quand même.
Marcel Messervier : C’est une chose qui se montre pas dans les écoles. Hein! Les débuts de cela, j’ai appris cela de mon père.
Intervieweur : De votre père?
Marcel Messervier : Justement. Il travaille ça anciennement même à la lampe! Je me rappelle, j’étais jeune jeune, et il n’y avait pas d’électricité dans notre bout. Il s’est usé la vue à ajuster des accordéons. Les petites langues que vous voyez dedans les accordéons : il fabriquait ça à la main! Les gens venaient le voir, mon père, avec des anciennes sapins, 2 clés, 3 clés, 4 clés. Les accordéons, ils avaient du trouble avec ça, les anches étaient cassées, les anciennes marazza itou, ils avaient du trouble. Faque, Popa ne pouvait avoir la langue qu’il voulait. Il n’avait pas de contact dans les vieux pays comme j’en ai aujourd’hui. Faque, il avait une compagnie qui pouvait trancher son acier de la largeur qu’il désirait. Après cela, il faisait le polissage à la lime, à main. Il donnait la souplesse de la langue, comme l’autre qui était au côté, les deux médiums. À un moment donné, il donnait le son et il continuait avec ça.
Intervieweur : Votre père, autrement dit, il réparait les accordéons?
Marcel Messervier : Justement. Il faisait rien que la réparation. C’était pire qu’en faire des neuves! [Rires] L’intérieur des soufflets défoncé! J’ai vu des langues, quatre, cinq langues, après l’accordéon, cassées. Il passait des nuits à arranger ça!
Intervieweur : Ç’a été ça votre école?
Marcel Messervier : Ben oui! Justement, j’étais au côté de lui et je lui demandais, à mon père, dans ce temps-là, « Pourquoi tu t’y prends de telle manière? » Pour les monter, pour les baisser, tout ça. Il m’a dit : « Ça, c’est un petit secret, ça! » [Rires] Il m’a dit : « Si tu veux garder ça, je vais tout t’expliquer ça! » C’est correct, et j’ai écouté bien comme il faut!
*La traduction reste fidèle à un français parlé. Le langage familier et les anglicismes, entre autres, ont été conservés.