Entrevue avec Raynald Ouellet
Entrevue avec Raynald Ouellet dirigée par Kim Gingras. Archives du Musée de l’accordéon. 2022.
Raynald Ouellet : Généralement, les musiciens n’avaient pas de lieu d’échange, des jam-sessions, où tout le monde peut partager des pièces et tout ça. C’était plutôt le contraire! C’était chasse gardée! Chacun des musiciens développait son répertoire. Pis, il le gardait jalousement parce que c’est ce qui faisait sa renommée pis son importance dans la communauté. Les répertoires étaient jalousement gardés, secrets même des fois. Mais, il y avait des pièces plus connues qui tournaient à la radio. C’était plus facile pour les gens de les apprendre, mais c’était vraiment par imitation, à l’écoute, puis, après ça, dans les années 60, à peu près, avec l’apparition des magnétophones, ça l’a aidé beaucoup. Les gens pouvaient au moins enregistrer même si les pièces n’étaient pas enregistrées à la hauteur, à la bonne tonalité, car, tout dépendant de l’appareil, du tourne-disque ou de la radio, ce que l’appareil faisait tourner, la vitesse pouvait changer, ce qui changeait la tonalité, le diapason changeait. Donc, les musiciens fallait qu’ils soient vraiment très très concentrés pour écouter la pièce et être capable de la reproduire. Par exemple, une pièce en ré majeur, la reproduire sur un accordéon en do dièse, c’était compliqué! Un demi-ton, ça frottait! C’était pénible! Ces gens-là étaient tellement passionnés de cette musique-là qu’ils investissaient du temps et, pour eux, c’était un jeu! C’était vraiment un challenge apprendre tel ou tel morceau, un nouveau morceau. C’était une passion vraiment profonde!
*La transcription reste fidèle à un français parlé. Le langage familier et les anglicismes, entre autres, ont été conservés.