« Un endroit parfaitement sain »
Les gens du coin sont ravis d’être invités à Guisachan pour ce qui va être, selon les mots de Lady Aberdeen, la « première véritable soirée » de la vallée. Ce n’est pas tous les jours que les gens ordinaires sont admis à un événement aussi spécial. Personne ne manque l’occasion, même pas le révérend Langille ni le prêtre catholique voisin, le père Charles de Vriendt! Et tout le monde apprécie cette soirée pleine de chansons, de musique, de récitations et de rafraîchissements.
« Le programme se composait d’un discours d’A, de deux chansons et d’une lecture de Nicholas Nickleby, suivis de trois chansons françaises interprétées par Marjorie qui a remporté un vif succès et de la lecture de deux de mes textes. On a bien sûr servi le thé à l’entracte et la soirée a été très réussie. »
Les paysages magnifiques, l’hospitalité et la générosité des gens, et les longues distances à parcourir faisaient partie de la vie des colons de l’Okanagan. Même un pique-nique à Long Lake représentait toute une journée d’aventure.
« Mardi, nous avons fait une excursion jusqu’à Long Lake qui s’étend le long de l’Okanagan, de l’autre côté des montagnes. Lord Lorne le considère comme « le plus joli lac du Canada »… Nous avons dîné dans le bois qui surplombe le lac…
Ensuite, nous sommes retournés en voiture vers le lac des Postill et avons soupé là-bas « en famille » avec la mère, le fils, sa femme et leur petit garçon, ainsi que M. et Mme Langell [Langille] et leurs enfants… Ils nous ont servi du jambon fumé par leurs soins, de la confiture faite maison, du pain fait maison, et puis nous sommes repartis chez nous à la nuit, par une route inconnue… par endroits, Coutts a dû marcher devant avec une lanterne. Mais nous avons parcouru les 10 miles en 2 heures ce qui, après tout, est remarquable étant donné les circonstances. »
Alors que leur séjour à Guisachan touche à sa fin, Lady Aberdeen écrit :
« La semaine a passé à toute vitesse et demain, nous devons dire au revoir à cet endroit délicieux où nous avons passé les meilleures vacances de notre vie. Nous sommes restés sur la véranda, au soleil, pour lire et dessiner. Nous nous sommes promenés… Et nous avons tous trouvé que c’était un lieu très sain. »
« Je suis d’accord avec M. Mackay quand il dit : ″si un homme ne peut être heureux ici, il ne le sera nulle part″… et ça vaut aussi pour les femmes, selon moi. »