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Le train qui n’est jamais venu

En fin d’après-midi, le 27 décembre 1942, Art Charbonneau, cinq ans, dit au revoir à sa grand-mère Turner, à son oncle Sinclair et à son chien Buster, et monte dans le traîneau tiré par des chevaux avec ses parents et son oncle. Après les vacances de Noël, le temps est venu de rentrer à la maison à Ottawa. Ils se dirigent vers la gare d’Ashton pour prendre le train local de la vallée de l’Outaouais no 550.

Emmitouflé dans de vieilles peaux de bison pour se réchauffer, Art aperçoit la silhouette obscure de la gare qui se dessine lorsque le traîneau traverse la voie ferrée. Une lumière faiblarde provenant de la fenêtre de la salle d’attente à l’extrémité ouest de la gare perce l’obscurité.

Photographie historique de la gare d’Ashton montrant quatre hommes sur la voie ferrée, années 1940

Gare d’Ashton, années 1940

 

Assis dans la gare, les Charbonneau attendent avec les autres passagers. Leur attente se prolonge au-delà de l’heure d’arrivée du train. « Personne n’y prêtait attention, car il n’était pas rare que le train soit en retard, se souvient Art. Les hommes les plus gaillards étaient sortis sur le quai pour fumer et avaient les yeux rivés vers Carleton Place d’où devait poindre le train. »

Le temps passe et les heures s’écoulent dans la gare froide. L’attente est interminable. Maintenant âgé de 82 ans, Art se souvient encore du froid, de l’attente et de l’incertitude. Soudain, l’un des hommes ouvre la porte et crie que le chef de gare arrive avec des nouvelles. Les nouvelles ne sont pas bonnes…


Voici les récits de ceux qui étaient là

Pendant qu’y montent encore des passagers à la gare d’Almonte, le train local de la vallée de l’Outaouais est embouti par un train en route vers Halifax avec à son bord des soldats appelés à combattre outre-mer. L’accident est dévastateur. Trente-neuf personnes perdent la vie et plus de 150 autres sont blessées.

L’accident ferroviaire d’Almonte reste gravé dans la mémoire d’Art, tout comme dans celle des survivants, des témoins et des premiers intervenants qui sont accourus sur les lieux lorsque les sirènes retentissent à Almonte. Souvenirs de cette nuit de 1942.