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Une lettre retournée

Dix-huit des trente-neuf personnes décédées dans l’accident ferroviaire étaient originaires de Renfrew et des environs. Dans les semaines qui suivent l’horrible accident, les pages du journal local, The Renfrew Mercury, publient une multitude d’articles au sujet de ceux qui ont été témoins de l’accident ferroviaire, de ceux qui ont été blessés et des funérailles de ceux qui sont morts.

Un dernier hommage a été rendu à la mémoire de Marie Theresa Green [The Renfrew Mercury, 7 janvier 1943].


Ses dernières paroles

La famille Green est terriblement éprouvée. La mort de Marie est tellement inattendue. Ils ont vu Marie quelques heures auparavant. Elle avait passé la fin de semaine de Noël à la maison et, au moment de l’accident, elle retournait à Ottawa où son travail l’attendait lundi. Pour les membres de la famille Green, Marie était une vraie source de joie, et il leur est maintenant difficile de croire qu’ils ne la reverront plus. Mais ils sont sur le point de vivre une expérience encore plus difficile, encore plus difficile que la nouvelle de la mort soudaine de Marie. En effet, Don, un ami de Marie, leur remet une lettre. Don croit qu’il est important que les parents de Marie la lisent. Ils comprennent pourquoi; c’est la dernière lettre de Marie. Une lettre émouvante.

Marie, de toute évidence aux prises avec le mal du pays, ouvre son cœur à Don. Sa lettre commence comme suit « Cher Don »…

 Je meurs de solitude ce soir. Je pleure tellement que mes larmes m’empêchent de voir, et tu es le seul à qui je peux écrire. J’aimerais que Noël soit à des millions de kilomètres d’ici. J’ai emballé des cadeaux, mais cela me rend malade de ne pas voir les enfants tenter par tous les moyens de découvrir ce qui se cache sous les emballages. Ça va être horrible tout ce temps sans les deux garçons. Je sais que je devrais avoir honte de me sentir comme ça alors que tant de sœurs ne reverront plus jamais leurs frères. Mais je m’en fiche – j’ai le droit d’être triste et déprimée si je veux, non? Peut-être qu’après t’avoir écrit, je me sentirai beaucoup mieux. Mais tout s’est mal passé aujourd’hui. Et ce soir, Bill a appelé et il n’est pas sûr de pouvoir venir à la danse. Je voudrais mourir. Mais alors, je gâcherais Noël pour la famille à la maison. Je ne peux quand même pas souhaiter ça.

Tu sais quoi, je ne pleure plus. Sens-tu une amélioration par rapport au début de ma lettre? Je savais qu’écrire m’aiderait à me sentir mieux. Et c’est ce qui est arrivé. Iras-tu à la maison pour Noël? Je suppose que si tu y vas, tu ne me répondras pas. Et tu pourras me dire comment vont les choses pour toi. 


Une fin brutale

La jeune sœur et le jeune frère de Marie, Pat et Gerard, avaient 11 et 8 ans respectivement au moment de la mort de leur sœur, et ils se souviennent encore très bien de la manière dont ils ont appris la nouvelle de son décès…

Visionnez cette vidéo avec une transcription : Une entrevue avec Pat et Gerard Green