Une entrevue avec Marion Jamieson
Source : Musée régional de North Lanark
Marion Jamieson a raconté à Rita Cornell, une bénévole de la Société historique de North Lanark, ce qu’elle a vécu la nuit de l’accident ferroviaire d’Almonte. L’entrevue a eu lieu le 23 septembre 2013 au Musée régional de North Lanark dans le cadre du projet de visite virtuelle (Video Tour) de 2013, lequel a été mis sur pied par la Société historique de North Lanark pour relater l’histoire de Mississippi Mills.
Marion Jamieson et Rita Cornell, deux femmes âgées, sont assises côte à côte à une table.
Rita : « Maintenant, que vous attendiez-vous de voir à votre arrivée? »
Marion : « Nous n’avions vraiment aucune idée. On nous avait dit toutefois qu’il y aurait des cadavres le long de la voie ferrée. À notre arrivée, nous pouvions voir le train militaire qui avait embouti l’arrière du train de passagers, le train local. Il y avait des corps partout… Les trains étaient faits en bois à l’époque. Alors, ils ont été simplement éventrés (elle agite les mains devant elle), et les gens avaient été projetés partout. C’était horrible, c’était vraiment horrible. »
Rita : « Avez-vous pu vous occuper de certains d’entre eux? »
Marion : « (elle hoche la tête) Oh, oui. »
Rita : « Quelle a été la personne la plus grièvement blessée que vous avez secourue… »
Marion : « La personne la plus grièvement blessée, je dirais, fut ce jeune homme qui, je crois, s’appelait Markham. Ce jeune homme avait des blessures internes et j’étais… Ils lui ont donné de la morphine à ce moment-là parce que nous attendions le train de l’hôpital qui devait transporter des patients vers l’Hôpital Civic d’Ottawa. L’hôpital d’Almonte était rempli au maximum de sa capacité. Je me souviens du jeune homme parce qu’il devait avoir à peu près le même âge que mon mari, qui combattait alors outre-mer. Le jeune homme avait des blessures internes, et il est mort. Je le tenais dans mes bras pour l’aider à prendre de la morphine. Bon nombre des victimes avaient la nausée et vomissaient après la prise de morphine. Je tenais donc le jeune homme dans mes bras et il est mort. Il est mort pendant que je le tenais dans mes bras. Je n’avais jamais vu personne mourir avant. »
Rita : « Alors, ce fut très traumatisant pour vous. »
Marion : « Très traumatisant. Très, très traumatisant. Surtout à cause de son âge, de son rang dans l’armée et tout. Vous savez, je me disais que ça aurait pu être mon mari. Ce fut une expérience très stressante, je dois dire. Une expérience qu’on ne peut oublier. »