Une histoire d’amour
La veille de Noël, Mac Crozier se fraie rapidement un chemin dans la foule trépidante de la gare Union à Toronto pour prendre son train en direction de Renfrew. Il devait passer le congé des Fêtes avec sa famille. Ce serait une courte visite, car il devait être de retour au travail le lundi matin. Il a bien hâte de voir sa famille.
Le quai est bondé et le train l’est encore plus. Mac prend place sur le premier banc près des marches. Alors qu’il range son manteau et un petit colis dans le porte-bagages, il remarque qu’une jeune femme a de la difficulté à monter les marches du train. La pauvre est ensevelie sous une montagne de colis. Rapidement, Mac lui tend la main, allège sa charge et l’aide à monter. Mais, pendant qu’elle monte à bord et range ses paquets, les places assises disponibles trouvent preneurs. En gentleman, Mac invite la jeune femme à prendre place sur l’autre moitié de son banc. Au cours du voyage, Mac et sa nouvelle compagne de voyage, Nora Pennett, discutent agréablement de leur famille et de leur vie à Toronto, puis ils échangent leur adresse.
Lorsqu’ils arrivent à Smiths Falls, Nora rassemble ses colis, car elle doit prendre le train en direction de Perth. Mac tente alors sa chance et dit à Nora que, si cela ne la dérange pas, il pourrait l’attendre à la gare de Smiths Falls sur le trajet du retour au travail lundi. « Merci beaucoup, ce serait sympa. J’ai hâte de vous voir alors », a-t-elle répondu. « Joyeux Noël! »
Une correspondance manquée
Lorsque Mac monte à bord du train à Renfrew ce dimanche soir, il a vraiment hâte de revoir Nora. C’est plus fort que lui. Il espère au moins l’apercevoir. Il n’est pas certain que ce sera possible à ce moment-là, vu le mauvais temps et la foule. Mac prend place dans la voiture juste derrière la locomotive. Il n’a jamais été aussi impatient d’aller à Smiths Falls.
Assis dans la gare d’Almonte, Mac entend le signal de départ du train. Soudain, c’est le chaos. Les bagages sont projetés. Les vitres éclatent. Il voit un immense vide sur les rails là où le chef de train se trouvait quelques instants auparavant. La moitié du train, y compris la voiture dans laquelle Mac avait pris place, est poussée à une distance de près de 50 mètres de la gare, tandis que l’autre moitié est en ruines.
Ce n’est que vers 23 h qu’il peut poursuivre son voyage. Lorsqu’il arrive à Toronto, les premières pages des journaux relatent déjà les histoires des innombrables victimes d’Almonte. Soudain, il se rend compte que Nora pourrait penser qu’il a été blessé ou tué, étant donné qu’il ne s’est pas présenté à son rendez-vous avec elle. Le lendemain, bien qu’il soit encore très tôt, il se rend à l’adresse qu’il avait notée à peine trois jours auparavant. Trois jours qui lui semblent une éternité, d’une certaine façon. Il frappe à la porte d’entrée et attend.
« Excusez-moi », dit Mac, lorsqu’une jeune femme ouvre la porte, puis ajoute « Mlle Pennett est-elle là? »
« Oui, mais qui êtes-vous? »
« Je suis Mac Crozier. »
Mac se souvient encore de l’expression de surprise qui a traversé le visage de la jeune femme lorsqu’elle s’est écriée : « Mac Crozier? C’est impossible! Ma sœur vous croit mort. Nous avons cherché votre nom dans la liste des personnes tuées dans cet horrible accident ferroviaire. Vous êtes censé être mort! »
En novembre 1943, moins d’un an après leur rencontre, Mac Crozier et Nora Pennett se marient. Ce jour-là, Mac ne peut s’empêcher de se rappeler la foule, les colis, le bruit du verre volant en éclats. Enfin, toutes les circonstances qui ont conduit à leur rencontre et à leur mariage.