Les Langtons arrivent dans le haut-Canada
St. James the Apostle Anglican Church, Fenelon Falls
[Croquis noir et blanc d’une famille du 19ème siècle autour d’une table]
Dans les années 1830, John Langton, le frère cadet d’Anne Langton, est parti pour créer une ferme et s’établir dans les lacs Kawartha, sur le lac Sturgeon. Il a appelé sa ferme Blythe. Vers 1834, il écrit à sa famille en Angleterre – son père Thomas, sa mère, sa tante et à sa sœur Anne – qu’il est prêt à les recevoir s’ils veulent émigrer. Et bien sûr, il dit : « Personne de votre âge mon Père ne devrait songer à venir dans l’arrière-pays du Canada. » Ils lui annoncent qu’ils aimeraient tout de même le rejoindre. John répond « Je suis prêt à vous recevoir ».
Donc trois ans plus tard [rires] la famille quitte Liverpool et c’est Anne, son père, sa mère, et sa jeune tante. Et ils arrivent en août 1837, et ils avancent sur des paquebots à vapeur, des chemins de fer, des autocars et des wagons, tout le long du chemin… Ils atterrissent à New York et remontent la rivière Albany jusqu’à Lewiston et ainsi de suite. Ils arrivent finalement à Port Hope où John Langton les attend.
Lorsqu’ils arrivent dans le pays, les lettres d’Anne disent qu’elle est émerveillée par la rudesse de tout, des bâtiments, et des jardins et surtout des souches, qui, selon elle, « donnent à tout un aspect de déchets ». Mais elle dit qu’ils espèrent tous avoir une vie saine et heureuse ici.
Et bien sûr, quand ils sont arrivés, John en disant qu’il est prêt pour eux, signifie simplement qu’il a un endroit pour les abriter parce que la maison principale qu’il essaie de construire pour eux, n’est pas près d’être prête, et ils sont obligés de camper dans sa petite cabane.
Elle dit donc à un moment donné : « Mon père a un hamac qu’on pend tous les soirs, pour lui » et qu’elle et sa tante ont un petit coin en retrait. John dort sur une matte par terre. C’est donc très, très primitif. Il n’y a pas de poêle dans la maison; il n’y a vraisemblablement pas de toilettes dans la maison non plus. Ils doivent donc cuisiner tous leurs repas à l’extérieur en dessous d’une petite remise et ainsi de suite. Elle décrit le poêle comme mesurant deux pieds sept pouces dans chaque sens, et il se trouve en dessous d’une petite remise. Tout est cuit sur ce petit poêlon.
Après ce temps passé chez John et que la maison principale est enfin sur le point d’être terminée, elle poursuit en expliquant à quel point il est difficile de garder le vent hors de la maison, en hiver, à cause bien sûr de la déformation et le rétrécissement du bois dans la maison crée beaucoup de courants d’air. À un moment donné, elle parle de sa tante et elle calfeutre les trous contre le vent, et bien sûr sa mère, qui a la lèvre supérieure extrêmement raide, dit: « Il est ridicule pour quiconque de venir au Canada et de ne pas pouvoir supporter une bouffée d’air. » [rires] Ils sont tous très, très stoïques et doués de fortes volontés pour endurer quoi qu’il leur arrive.
Et endurer, c’est ce qu’ils font parce que contrairement à beaucoup de contemporains d’Anne Langton comme Susanna Moody, Anna Brownell Jameson, Catharine Parr Traill, les Langton; Anne en particulière est restée dans l’arrière-pays du Canada pendant dix ans, près de dix ans. La plupart de ces autres dames sont parties après deux ou trois. Elles n’en pouvaient plus. Et en fait, dans ses journaux, Anne Langton parle de gens, les dames qui sont habituées à l’état semi-civilisé des villes, qui sont absolument horrifiées la solitude des bois et elles ne peuvent tout simplement pas le supporter. Donc si un gentleman se marie, il prend un grand risque, car sa femme ne conviendra pas à l’arrière-pays.
Anne Langton avait en fait trente-quatre ans lorsqu’elle est arrivée au Canada et ses parents en avaient soixante-dix. Son père n’a pas duré, il était malade quand ils sont arrivés. Il est mort, je pense, environ un an après son arrivée ici. Mais sa mère et sa tante ont survécu pendant les dix années qu’elles ont passées dans la brousse. Je pense qu’elle serait restée ici plus longtemps sauf que la région a été visitée par une terrible peste de fièvre, qui sait ce que c’était – une forme de malaria peut-être ou une terrible grippe – et cela a en fait causé la mort de la mère d’Anne et de sa tante.
Donc, à ce moment-là, elle a décidé qu’il était probablement sage de quitter Blythe et d’aller à Peterborough, où John s’était installé avec sa nouvelle épouse et il était maintenant député, peu importe. Je pense qu’il était le comptable du conseil de Peterborough.
Quoi qu’il en soit, elle a décidé d’aller vivre avec John après dix ans. Avec un tel courage et un tel dévouement Anne a créé une communauté dans cette petite région de Fenelon Falls, Bobcaygeon et le long du lac Sturgeon.
[Esquisse en noir et blanc des chutes de Fenelon Falls]