Le Toutou de Paris
Peintre : Dominique Beauregard
Photographe de l’œuvre : André Bérard
Date : 2016
Détail : Acrylique sur toile ; 40 po x 40 po
Œuvre de Dominique Beauregard tirée de l’exposition « Les Stations du curé Labelle »
Peu de gens savent que le curé Labelle entreprit deux importants voyages en Europe. Encore moins sont au fait de la popularité qu’il a connue sur le Vieux Continent. Ce « gros curé de 333 livres » d’outre-Atlantique est devenu la coqueluche de plusieurs cercles huppés de la Ville Lumière. Des photos et des articles décrivant ses allées et venues noircissaient les pages des plus grands journaux européens. Sa personnalité « abondante », ses manières « rustiques » et son franc-parler amusaient ses hôtes.
Le curé Labelle était conscient de l’effet qu’il produisait, comme en témoigne cet extrait d’une correspondance rédigée en 1890 alors qu’il effectuait son deuxième voyage sur le Vieux Continent : « Je suis encombré de visites, de déjeuners, de dîners. Il faut que je parle partout et sur tout. Je vous le démontre, les Parisiens trouvent que j’ai de l’esprit et du sel gaulois habillé en normand. Tout cela m’étonne, car être le toutou de ce qu’il y a de plus distingué ici, c’est vraiment prodigieux. Ils veulent du Labelle, je leur en donne tout et plus. Je force un peu la note française, car ici la corde patriotique emporte tout. »
La toile Le Toutou de Paris s’inspire de ce passage de la lettre du curé Labelle qui évoque, avec un visible enthousiasme, son statut de toutou des salons de Paris. L’expression être le toutou de quelqu’un ou de quelque chose signifie être la coqueluche, le centre d’attention, être en vogue, admiré, etc. Anecdote amusante : c’est seulement après avoir créé son personnage du curé — qui dans son œuvre prend la forme d’un ours en soutane — que l’artiste a appris l’existence de cette lettre où le curé se qualifie lui-même de « toutou ».