Labelle, l’homme d’une seule idée, la colonisation
En cette deuxième moitié du XIXe siècle, la pauvreté dans les villes est chronique et le taux de chômage atteint des sommets. Labelle assiste au triste spectacle de l’exode de ses compatriotes vers les États-Unis. Un mouvement de population qui prend des proportions presque bibliques. Entre 1850 et 1900, on estime en effet que 580 000 Canadiens français quittent le pays pour les États-Unis en quête d’emplois et du rêve d’une meilleure vie. Sur une population évaluée à un peu moins de 1 400 000 (1881), cette expatriation massive est une véritable débâcle démographique qui désole profondément le missionnaire colonisateur. Parallèlement, l’émigration britannique est en croissance. Une situation qui menace l’équilibre des forces entre Canadiens français et Anglais.
Pour Labelle, la colonisation représente le seul moyen de freiner cette hémorragie. Elle offre une solution de rechange à la servitude de la pauvreté qui sévit dans les villes et aux conditions inhumaines qui prévalent dans les industries de la Nouvelle-Angleterre. Les Canadiens français peuvent désormais choisir la voie des « gens de terre », des défricheurs et des agriculteurs qui deviendront un jour des habitants bien établis, souverains et enfin maîtres de leur destinée.
On dit de Labelle « qu’il est l’homme d’une seule idée, la colonisation », et pour cause. Il s’investit corps et âme dans son projet allant jusqu’à s’oublier lui-même. On le compare parfois à Moïse qui, à la tête de ses colons, marche vers le Nord, vers la Terre promise dans le but de « conquérir le conquérant ! ».
Discours devant la conférence de l’agriculture :
Transcription de l’audio : Discours devant la conférence de l’agriculture