Homme d’Église et sous-ministre de la colonisation
Le curé Labelle s’intéresse de près à la politique. On dit qu’il est un ministère à lui seul en raison de ses nombreuses interventions au parlement pour défendre ses idées et son projet de colonisation. En 1888, à l’insistance d’Honoré Mercier, premier ministre du Québec, le curé Labelle accepte d’occuper la fonction de sous-ministre au département de l’Agriculture et de la Colonisation. Mais, contrairement aux autres fonctionnaires de l’État, il refuse de toucher un salaire. « Pour protéger ma dignité de prêtre, j’ai accepté ce poste à condition que je ne toucherais pas à un salaire comme les autres fonctionnaires, mais à une indemnité comme frais de déplacement et que je jouirais, dans l’administration, d’une indépendance complète », écrivait-il à Mgr Jacobini en 1890.
Labelle est sans doute le seul homme d’Église de son époque à occuper une fonction officielle au sein d’un gouvernement. Il dispose désormais d’une influence et de certains pouvoirs dont il se réjouit. Dans une lettre adressée à son ami Onésime Reclus en 1888, il écrit : « Vous devez comprendre que mon chemin de fer est assuré […] que la politique qui regarde la colonisation et l’agriculture va prendre un nouvel essor, qui pourra être lent, mais qui je l’espère, deviendra efficace ».
Ce nouveau rôle impose toutefois de lourds sacrifices au curé. Cet homme de terrain au tempérament énergique doit se résigner à passer de longues heures rivé à son bureau du parlement, loin de ses colons et de ses expéditions au grand air. Environ tous les quinze jours, il est donc ravi de retourner à Saint-Jérôme pour voir aux affaires de sa paroisse laissée aux soins de ses vicaires durant ses absences ou d’aller visiter ses chers colons dans les Cantons du Nord.