Vicaire et curé
Antoine Labelle n’a pas amorcé sa carrière d’homme d’Église en tant que Roi du Nord et curé de Saint-Jérôme. Comme tout jeune séminariste, il doit faire ses armes et franchir les étapes qui feront de lui un curé.
D’abord comme vicaire à la paroisse de Sault-au-Récollet et plus tard à Saint-Jacques-le-Mineur. Lors de son arrivée à la paroisse de Sault-au-Récollet, on raconte que Mgr Vinet trouvait le jeune Labelle bruyant et son pas « trop retentissant ». Mais, précise le curé Charles-P. Beaubien dans Le Sault-au-Récollet, ses rapports avec les premiers temps de la colonie : « Ce n’était pas grave […] il était destiné à marcher dans des sentiers où il lui serait permis de faire beaucoup de bruit, et beaucoup plus de bien. »
Son vicariat terminé, il devient le premier curé de la paroisse Saint-Antoine-Abbé. Sa dernière étape avant Saint-Jérôme est la paroisse de Saint-Bernard-de-Lacolle, ville frontalière des États-Unis. Il assiste alors à l’exode de ses compatriotes canadiens-français vers les usines de filature de coton de la Nouvelle-Angleterre. Une période qui le marque profondément et le plonge dans un certain découragement. Il songe même, un bref moment, à s’exiler lui aussi pour fuir les conditions difficiles que vivent les curés privés de moyens et de ressources pour fonder des paroisses.
Son évêque, Mgr Bourget, conscient qu’il risquait de perdre un bon élément qui pourrait rendre de grands services à l’Église, lui fit cadeau de la paroisse de Saint-Jérôme. Cette nouvelle cure est effectivement un cadeau du ciel pour Labelle. Son abattement se transforme en illumination. Tourné vers le nord avec ses terres neuves et sauvages, il a la vision d’une Terre promise où résonnera bientôt son pas de conquérant à la tête de ses colons, pour s’emparer du sol.