Winsome Winnie Winfield, la charmante Winnie de Winfield
Vidéo enregistrée par Lake Country Museum & Archives, le 21 septembre 2015, à Winfield (C.-B.).
Photo présentée : Winnie Draper Heyworth
Date: le 21 septembre 2015
Lieu: Lake Country (Colombie-Britannique)
Remerciements: Lake Country Museum & Archives
Winnie Draper Heyworth
Entrevue du 21 septembre 2015.
Winnie Draper est née à Glenella, au Manitoba, le 27 juillet 1916. C’est en 1926 que sa famille s’installe à Winfield, en Colombie-Britannique. Winnie débute sa carrière à la station fruitière de Winfield à l’âge de 14 ans, d’abord au triage puis au conditionnement.
Portrait de Winnie Heyworth, assise dans un fauteuil confortable, répondant à l’intervieweur.
J’ai arrêté l’école à l’âge de quatorze ans pour travailler dans les vergers l’été et au printemps, pour aider mon père. J’étais son fils, en quelque sorte. Des vergers, nous nous rendions à la station fruitière avec les fruits précoces, les tomates et les concombres, tout ce qu’on emballait à l’époque. Je crois que j’avais quatorze ans quand nous avons commencé.
Photo en noir et blanc de Winnie à l’âge de quatorze ans.
Je me rappelle que j’avais quatorze ans la première année où j’ai travaillé au triage, à l’usine.
Portrait de Winnie parlant à l’intervieweur. Winnie indique du doigt la direction de l’ancienne station fruitière de Winfield.
J’ai travaillé à la station fruitière de Winfield pendant huit ans, d’abord, ici, sur Bottom [Wood] Lake Road, où il y a une usine aujourd’hui, à peu près ici.
Photo en noir et blanc d’une ancienne station fruitière dans les années 1930.
C’était l’ancienne usine; ensuite, ils en ont construit une nouvelle, à l’extrémité sud de Wood Lake, et c’est là qu’on a travaillé après.
Photo en noir et blanc de la station fruitière de Woodsdale au début des années 1940.
C’est à cette époque qu’ils ont installé les nouvelles calibreuses; ça faisait un peu plus moderne. (rire)
Portrait de Winnie parlant à l’intervieweur avec un sourire.
L’intervieweur : Et donc, pendant environ combien d’années avez-vous fait cela?
Portrait de Winnie réfléchissant. En s’adressant à l’intervieweur, elle baisse les yeux alors que les souvenirs lui reviennent.
Eh bien, j’ai d’abord travaillé deux ans au triage, entre quatorze et seize ans, parce que j’étais trop jeune pour les indemnités pour les accidents du travail. Le banc de triage était un endroit sûr.
Winnie fait le geste de trier des pommes de la main gauche tout en parlant.
À l’âge de seize ans, je savais déjà tout du conditionnement. C’est l’année où je leur ai dit que je voulais faire du conditionnement alors ils m’ont donné un emploi sur la chaîne.
L’intervieweur : Très bien.
Un des inspecteurs est venu un jour, un homme de Vernon. Il s’appelait Bill Thomas. Il est arrivé et il m’a regardé travailler. Il a examiné ma caisse puis il s’est approché et a dit : « Puis-je vous donner un conseil? » ou quelque chose comme ça.
Winnie imite l’expression du visage de l’inspecteur alors qu’elle raconte.
J’ai dit : « Bien sûr! ». Alors il m’a montré comment envelopper les pommes et comment les placer pour qu’elles forment une belle caisse bombée.
Winnie fait le geste d’emballer les pommes et décrit l’arrondi de la main.
Et puis, il a continué à me suivre au fil des années et c’est grâce à lui que j’ai appris mon travail.
C’est quand nous étions chez BCO [BC Orchard Packinghouse] qu’Ann Bohren et moi sommes allées au concours de conditionnement. Ils ont demandé à Ann de se présenter et moi, je devais aller la soutenir. Et tout le monde a été déçu parce qu’Ann n’a rien gagné et que moi, j’ai fini quatrième. Ce qui m’a fait rire c’est qu’ils n’aient pas aimé comment j’avais enveloppé les fruits. (rire)
Winnie rit et pointe sa main gauche vers le bas.
Et l’inspecteur qui m’avait appris le travail était l’un des juges du concours. Il était assez vieux à cette époque.
Elle rit encore et imite le regard surpris de l’inspecteur découvrant sa caisse.
Mais il était là, il a ouvert une caisse et a regardé et ils ont dit, il a dit : « Oh! Winsome Winnie Winfield est là! » J’ai gagné la première place pour la rapidité et après je suis allée le voir pour lui dire : « Vous avez reconnu votre travail, n’est-ce pas? ».
Elle fait mine d’être encore plus surprise.
Et il a répondu : « Oh, que oui! ».
Winnie pose la main sur le côté de sa bouche comme pour dire un secret.
Enfin, il a dit : « Tu es toujours aussi rapide » (rire). Et j’ai répondu : « Je crois que oui, en effet ».
Winnie rit et baisse les yeux par modestie.
Ça dépendait de la rapidité à laquelle les pommes arrivaient et de la quantité que nous emballions. Ma meilleure performance a été, un soir, chez Laurel [station fruitière]. On faisait des Red Delicious magnifiques. On a travaillé quatre heures durant. J’ai fait cent deux caisses.
… et j’ai fait mieux encore une fois qu’ils ont installé les nouvelles calibreuses à casiers tournants…
Winnie fait un geste circulaire de la main.
L’intervieweur : Je vois.
Des deux mains, Winnie décrit la forme des anciens casiers. Elle imite les pommes tombant dans le casier et la manière dont elle se penchait pour les attraper.
Les anciens casiers étaient juste des casiers de bois avec un fond en tissu qui défilaient côte à côte et les pommes tombaient à l’arrière et s’ils arrivaient vite, il fallait en permanence se pencher pour récupérer les fruits.
Winnie fait un geste circulaire des mains pour ramasser une pomme imaginaire.
Et puis ils ont installé de nouvelles calibreuses avec des godets métalliques tournants. Elles étaient vraiment bien parce qu’elles apportaient les pommes de manière continue; elles avançaient lentement et on pouvait attraper les pommes facilement. Elles ont rendu le travail de conditionnement tellement plus facile.
Photo en noir et blanc représentant un groupe d’hommes et de femmes avec une fillette, près d’un jardin, dans les années 1940. Winnie est vers le centre du groupe et sourit au photographe.