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Nouvelle orientation pour la science canadienne

Les premiers travaux scientifiques canadiens portent surtout sur l’extraction et la mise en valeur des ressources, plutôt que sur les sciences physiques. Néanmoins, l’astronomie canadienne du XIXe siècle a des applications très pratiques. Elle utilise la mesure des étoiles à 2 fins : fixer l’heure avec précision au pays et faciliter les levés géographiques grâce aux mesures de la longitude.

En 1905, l’Observatoire fédéral ouvre ses portes à Ottawa. Il a comme tâche principale de mesurer le temps astronomique pour le pays, et son horloge maîtresse transmet l’heure à 700 horloges réparties dans la ville d’Ottawa.

Carte postale datant d’environ 1905 montrant un grand bâtiment en pierre surmonté d’une coupole de télescope.

Carte postale montrant l’Observatoire fédéral peu de temps après son achèvement en 1905.

Sur le plan géographique, les chaînes de montagnes de l’ouest du Canada nuisent à la précision des levés de terrain dans cette partie du pays, mais il devient possible, grâce aux mesures astronomiques, d’améliorer les résultats obtenus par les méthodes traditionnelles.

M. Plaskett est chargé des nouveaux travaux d’astrophysique à l’Observatoire, et ce travail constitue la principale contribution du Canada dans le nouveau domaine de l’astrophysique. Il utilise la lunette astronomique de 15 pouces pour étudier les étoiles et déterminer leur vitesse. Il est également doué pour la mécanique, et apporte de nombreuses améliorations à cet instrument

Image en noir et blanc d’une lunette astronomique de 15 pouces. Le télescope est fixé à un pilier de montage et se trouve à l’intérieur d’un bâtiment en forme de coupole. Une ouverture dans la coupole permet d’observer le ciel nocturne au moyen du télescope.

La lunette astronomique de 15 pouces de l’Observatoire fédéral

M. Plaskett atteint finalement les limites de ce qu’un instrument de cette taille peut accomplir, et il lui apporte plusieurs améliorations supplémentaires afin de poursuivre son travail. À l’époque, des télescopes de plus en plus grands sont construits aux États-Unis. Leurs capacités dépassent celles du modeste instrument d’Ottawa, et M. Plaskett se rend compte que le Canada a besoin d’un instrument comparable.

L’idée de M. Plaskett de construire un plus grand télescope reçoit le soutien des astronomes américains lors d’une réunion de l’Union internationale de coopération pour la recherche solaire en 1910, en Californie. L’année suivante, à Ottawa, une réunion d’astronomes adopte une résolution, présentée par la suite au ministre de l’Intérieur, soulignant la nécessité de doter le Canada d’un nouveau télescope. Malheureusement, peu de temps après l’adoption de cette résolution, des élections générales conduisent à un changement de gouvernement, et il faut reprendre le travail à partir de zéro. Un obstacle supplémentaire surgit avec la nomination d’un nouveau ministre de l’Intérieur.

Photographie en noir et blanc de 1911 représentant un groupe de personnes au sommet d’une colline, debout et en train de discuter.

Participants à la réunion de l’Astronomical and Astrophysical Society of America (AASA) de 1911, à Ottawa, lors d’une discussion tenue près de Wakefield, au Québec.

Loin de se laisser décourager, M. Plaskett continue à recueillir des appuis pour le télescope. Il fait pression sur les représentants du gouvernement et encourage d’éminents astronomes d’Europe et des États-Unis à envoyer des lettres de soutien. Il « a hanté les couloirs [du Parlement] pratiquement tous les matins pendant 2 mois, essayant de trouver des membres du gouvernement intéressés à l’astronomie, pour les inciter à intervenir auprès du ministre ».(Plaskett, J.S., 1983, JRASC, 77, 109. Ce manuscrit [inédit] a été retrouvé 40 ans après la mort de l’astronome.)

Les efforts de M. Plaskett finissent par porter leurs fruits en 1913, alors que le gouvernement accepte de financer la construction du grand télescope qui changera à jamais l’astrophysique canadienne et la vie de l’astronome.