L’OFA pendant la Seconde Guerre mondiale
Le Canada entre dans la Seconde Guerre mondiale le 10 septembre 1939. Les activités de l’Observatoire diminuent avec l’intensification de l’effort de guerre, mais les travaux scientifiques se poursuivent tout au long de la guerre. Les études fondamentales des propriétés chimiques et physiques des étoiles prédominent, ainsi que les mesures de la vitesse radiale et de la température des étoiles utilisées comme marqueurs de la structure de la Voie lactée. D’importants travaux sur l’analyse chimique des molécules des comètes se poursuivent également.
Les travaux les plus remarquables réalisés à cette époque sont menés par Andrew McKellar. Pendant les années de guerre, McKellar entame ses travaux sur les étoiles carbonées. Il s’agit d’étoiles dont l’atmosphère contient plus de carbone que d’oxygène. Ces travaux permettent d’établir le cycle carbone-azote-oxygène de la fusion nucléaire dans les étoiles à la fin des années 1940.
En 1940, McKellar prouve également l’existence de molécules diatomiques à base de carbone dans l’espace interstellaire et mesure leur température à 3 K. Cette température non nulle de l’espace interstellaire reste mystérieuse. McKellar a en fait dévoilé des preuves de l’existence du Big Bang, mais personne ne s’en rend compte, car la théorie du Big Bang n’existe toujours pas. En 1964, les astronomes Arno Penzias et Robert Wilson redéfinissent cette température par d’autres moyens, ce qui leur vaut le prix Nobel de physique en 1978. Malheureusement, ce prix n’est décerné qu’aux vivants, et McKellar est décédé en 1960.
Le dôme blanc de l’Observatoire est un point de repère important situé à 10 km au nord de la plus grande base navale de la côte ouest du Canada. En 1940, il a dû être camouflé. Il a d’abord été peint en brun, avant d’être recouvert plus tard d’une murale forestière verte.
Les compétences techniques et scientifiques du personnel se révèlent précieuses pour l’effort de guerre. Les astronomes de l’OFA enseignent la navigation céleste aux officiers de la marine et de l’armée de l’air, et la physique de l’artillerie aux officiers de l’armée de terre. La navigation céleste est toujours enseignée aujourd’hui aux recrues de la BFC Esquimalt. L’expertise des astronomes de l’OFA en matière de chimie céleste s’avère utile. Les astronomes Carlyle Smith Beals et Robert Methven Petrie forment des fonctionnaires provinciaux à la détection des gaz toxiques. Beals est nommé responsable provincial des gaz et organise de nombreuses conférences publiques sur la préparation à une attaque au gaz. Plus de 400 certificats de formation sont délivrés à des officiers.
M. McKellar met aussi au point un réservoir d’aluminisation pour le télescope Plaskett en 1940. Les chantiers navals Yarrow d’Esquimalt se chargent de la construction de ce réservoir, qui est toujours utilisé aujourd’hui. Le revêtement du miroir avec de l’aluminium plutôt qu’avec de l’argent présente de nombreux avantages. Le télescope peut ainsi observer des étoiles moins lumineuses, car le miroir présente un pouvoir réfléchissant supérieur. L’entretien de la couche d’aluminium est également plus facile. La cuve d’aluminisation sert aussi à revêtir les miroirs des projecteurs et les miroirs de signalisation dans le cadre de l’effort de guerre. McKellar et Pearce contribuent à améliorer la conception et l’entretien de ces miroirs militaires.
Pendant la guerre, Petrie et McKellar sont transférés dans la marine avec le grade de capitaine de corvette. Ils apportent tous 2 une contribution importante à la lutte anti-sous-marine dans l’Atlantique.
Avant la guerre, l’OFA accueillait en moyenne 21 000 visiteurs par année. Pendant la guerre, ce nombre tombe à 4 000, dont la moitié sont des militaires. Le rationnement de l’essence limite en particulier les déplacements. Les visites du samedi soir prennent fin lorsque le personnel part en guerre. Ces visites reprennent en septembre 1945, à la fin de la guerre.