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Un désastre frappe : le Sir John Carling (1927)

Les aviateurs courageux recherchaient la gloire en défiant l’Atlantique, malgré les risques importants auxquels ils s’exposaient. Jusqu’en 1927, vingt vols transatlantiques s’étaient terminés par un désastre. Et la nouvelle piste d’atterrissage de Harbour Grace connaîtrait bientôt son lot de tragédies, la première survenant quelques semaines seulement après son ouverture officielle.

Au-delà des louanges pour les pilotes, l’aviation transatlantique offre alors d’importants avantages promotionnels aux entreprises. Arthur Carty, copropriétaire du journal London Free Press, et Charles Burns, président de la brasserie Carling, y voient une occasion à saisir. Ensemble, ils offrent 25 000 dollars à toute équipe de pilotes prête à voler de London, en Ontario, à Londres, en Angleterre.

Photographie en noir et blanc de James Medcalf et Terrence Tully en uniforme d’aviateur, debout devant l’avion Sir John Carling entre le poste de pilotage et l’hélice.

James Medcalf (à gauche) et Terence Tully (à droite) à la piste d’atterrissage de Harbour Grace, 1927.

Le pilote Terence Tully et le navigateur James Medcalf, deux vétérans de la Royal Air Force, sont choisis pour cette mission. Leur appareil est un monoplan Stinson Detroiter, baptisé Sir John Carling en l’honneur du fondateur de la brasserie, un homme politique canadien.

Cet avion était peint du vert caractéristique de l’entreprise et portait sur ses flancs l’inscription « London to London » (de London à Londres).

Le vol de Tully et Medcalf connaît des difficultés dès le début. Leur première tentative pour atteindre Harbour Grace en août est un échec.

En raison des conditions météorologiques, l’équipage a dû faire demi-tour au-dessus du lac Ontario. Après ce retard, un journal se moque de l’avion et suggère de le rebaptiser « le chat » ou « le boomerang ». Mais les membres de l’équipage sont déterminés et tentent à nouveau le vol, arrivant à Harbour Grace le 5 septembre 1927.

Photo en noir et blanc, vue latérale du Sir John Carling sécurisé sur la piste d’atterrissage, de loin, et entouré d’un épais brouillard. Quatre personnes se tiennent autour de l’avion.

Le Sir John Carling plongé dans le brouillard sur la piste d’atterrissage, 1927.

 
Les difficultés se poursuivent toutefois après leur arrivée à Terre-Neuve. Pendant le ravitaillement, une lampe enflamme l’essence renversée près de l’avion. L’appareil ne semble pas endommagé en apparence, mais l’équipage procède à une révision complète pour s’assurer de son bon fonctionnement.

La nouvelle parvient alors à la piste d’atterrissage qu’un autre avion transatlantique, le Old Glory, s’est abîmé dans l’océan, à 350 milles à l’est du cap Race, à Terre-Neuve. Néanmoins, Tully et Medcalf poursuivent sans crainte leurs préparatifs, et le Sir John Carling s’élance pour sa traversée de l’Atlantique le matin du 7 septembre.

Les spectateurs rassemblés sur la piste d’atterrissage ce matin-là sont les derniers à avoir vu Tully et Medcalf en vie. Les deux hommes ne sont jamais arrivés à l’aéroport de Croydon, en Angleterre.

Le SS Kyle a tenté un sauvetage. Bien que le navire à vapeur ait récupéré quelques débris de l’Old Glory, l’épave du Sir John Carling n’a jamais été retrouvée.

Feuille jaunie et décolorée extraite du registre de l’aéroport, avec une écriture manuscrite détaillant les renseignements sur le vol de l’avion Sir John Carling.

Extrait de la page 23 du registre de l’Airport Trust Company, 1927.