La pionnière : Amelia Earhart à Harbour Grace (1932)
Amelia avait traversé l’Atlantique comme passagère en 1928 de Trepassey, Terre-Neuve, à Burry Point, dans le pays de Galles. Elle avait dorénavant comme objectif de conquérir l’océan Atlantique à titre de pilote, par elle-même, seule parmi les étoiles. Et elle voulait être la première à le faire!
Après des mois de planification, son équipe décide que la piste d’atterrissage de Harbour Grace serait le point de départ idéal pour son aventure transatlantique.
Le 20 mai 1932, Amelia Earhart, Ed Gorski, son mécanicien, et Bernt Balchen, le respecté aviateur norvégien, quittent le New Jersey à 15 h 15 en direction du Nouveau-Brunswick. Mais leur destination secrète est Harbour Grace.
D’autres femmes pilotes tentaient aussi de devenir les premières à traverser l’Atlantique. Ainsi, pour éviter d’attirer l’attention de la presse et les regards indiscrets, Balchen effectue la majorité des vols et enregistre même le Lockheed Vega d’Earhart à son nom.
À 14 h, heure locale, le monoplan monomoteur Lockheed Vega d’Earhart se pose sur la piste d’atterrissage de Harbour Grace. De là, Earhart se rend à l’hôtel Cochrane pour se reposer un peu. Balchen et Gorski restent sur le terrain d’aviation pour préparer l’avion au décollage.
À l’hôtel, Earhart rencontre Rose Archibald, la propriétaire de l’établissement aujourd’hui devenu iconique. Celle-ci lui prépare un jus de tomate et un thermos de soupe à emporter pour son vol.
Arthur Rogers, un habitant de la région, reconduit Earhart à la piste d’atterrissage pour qu’elle entame son voyage emblématique. Une foule nombreuse et enthousiaste s’est rassemblée pour le décollage, prévu à 19 h 20.
À quatre heures de vol de Harbour Grace, le collecteur d’échappement de l’avion se brise et des flammes s’échappent de l’évent, risquant de compromettre la réussite du vol.
L’altimètre tombe peu après en panne, ce qui oblige Earhart à voler à l’aveugle pendant cinq heures, dans l’obscurité, au-dessus de l’océan. Pour empirer la situation, elle doit faire face à d’épais nuages et à la formation de glace sur les ailes de son avion.
Le 21 mai, incapable de se rendre à Paris comme Lindbergh l’avait fait en 1927, Earhart atterrit dans un pâturage appartenant à la famille Gallagher. Cet endroit est situé juste à l’extérieur du petit village de Culmore, au nord de Londonderry, en Irlande du Nord.
Les Gallagher offrent gentiment à Earhart une chambre pour la nuit, ce que l’aviatrice accepte avec plaisir. Le vol historique a duré quatorze heures et cinquante-six minutes depuis son départ de Harbour Grace.
Le lendemain, le 22 mai, Earhart salue les villageois et se rend à l’aérodrome Hanworth, à Londres, en Angleterre, où une foule de journalistes et d’admirateurs l’attendent pour la saluer.
Ce vol a fait d’Earhart une icône féministe internationale et lui a valu de nombreuses récompenses. Elle a notamment reçu la médaille d’or de la National Geographic Society, la Distinguished Flying Cross du Congrès américain et la Croix de chevalier de la Légion d’honneur du gouvernement français.
Des décennies après sa mort présumée, Earhart est intronisée au National Aviation Hall of Fame (Temple de la renommée de l’aviation nationale) en 1968 et au National Women’s Hall of Fame (Temple de la renommée national des femmes célèbres) en 1973.