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Au service de notre pays

Al Murphy en uniforme de cérémonie

Aloysuis Murphy

À l’âge de 22 ans, alors qu’il travaillait pour le Canadien Pacifique à Windsor en Ontario, Aloysuis avait pris un jour de congé. Il devait aller à la poste expédier un paquet chez lui à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, mais il n’avait pas la moindre idée de ce qui l’attendait. À Windsor, ce jour‑là, après avoir posté son paquet, il a vu un panneau signalant la présence d’un centre de recrutement. Sans réfléchir, il s’est enrôlé. Pendant les six années suivantes, il a passé onze mois dans les Forces armées canadiennes et un mois par an à la maison. Sa vie de militaire a commencé par six mois d’entraînement à Resolute Bay dans les Territoires du Nord-Ouest.

Al Murphy en Norvege

Il a servi au Danemark, en Norvège ainsi qu’en Allemagne. Il trouvait que les camps d’entraînement étaient drôlement durs. Il avait même eu l’autorisation de quitter les Forces armées, mais au dernier moment, il a décidé de rester et a passé les six années suivantes comme soldat au service de notre pays. À la fin de leur période d’entraînement au camp, lui et ses camarades avaient la permission de quitter la base pour la fin de semaine, mais à part cela, ils n’avaient pas grand‑chose à faire pendant leur temps libre.Ils étaient bien logés, selon lui. Dans les camps d’entraînement, ils avaient des chambres à quatre lits, mais après, c’était généralement des chambres à deux lits. Et quand il est devenu caporal, il a eu sa chambre à lui. « C’était bien agréable », dit-il.

Durant un entraînement sur la rivière des Outaouais, le bateau pneumatique sur lequel il se trouvait est arrivé à la hauteur de chutes d’une douzaine de mètres de haut et l’équipage a mis le cap vers la berge avant d’en avoir reçu l’ordre. L’officier n’était pas content du tout. Obligés de descendre la rivière un peu plus bas, ils se sont retrouvés dans le courant et sont passés par‑dessus les chutes. Tout le monde a survécu, mais un des soldats, de Niagara Falls, a été libéré pour raisons médicales. « Nous avons eu la peur de notre vie », raconte Aloysuis.

Pendant qu’il était dans les Forces armées, il y avait aussi d’autres soldats de la péninsule de Burin, des hommes de Lamaline, de St. Lawrence et de Marystown. La plupart des soldats canadiens étaient originaires d’une zone allant du Nouveau‑Brunswick à Terre‑Neuve.

Sur le terrain, ce n’était pas facile car il fallait travailler 24 heures sur 24. Mais à la base, les journées n’étaient pas aussi pénibles. Elles finissaient dans la soirée, autour de cinq ou six heures. Aloysuis se souvient être resté 36 heures sans dormir du tout.

Al Murphy et un de ses compagnons d’armes dans une tente militaire

Les soldats se détendre dans une tente

Il explique aussi que ses parents, à T.‑N.‑L., s’étaient beaucoup inquiétés pendant toutes les années qu’il avait passées dans les Forces armées. Sa mère, dit‑il, a failli devenir folle de le savoir si loin onze mois de l’année et c’était d’autant plus pénible pour sa famille que les communications étaient peu nombreuses.

Lors de la crise d’octobre 1970, Aloysuis a été appelé en renfort à Montréal. Les Forces armées y sont restées jusqu’à la fin de la crise, et ce n’est qu’en janvier 1971 qu’ils sont retournés à la base de Petawawa. Deux hommes ont été kidnappés et tués durant cette crise. Un autre homme devait aussi être pris, mais ils l’ont sauvé. « Nous étions armés jusqu’aux dents », raconte-t-il. En avril 1971, les Forces armées ont été appelées au pénitencier de Kingston où 500 détenus étaient en liberté. « Il y avait une émeute à l’intérieur, explique-t-il, et il a fallu environ une semaine et demie pour en venir à bout. » L’ordre de pénétrer dans le pénitencier est venu d’Ottawa, mais avant de pouvoir l’exécuter, ils ont vu un drapeau blanc flotter à la fenêtre et les détenus se sont rendus. Il a dit que si l’émeute avait continué, les soldats auraient dû entrer dans le pénitencier et il y aurait sans doute eu des morts.

Le peloton d’Al de soldats courir à côté d’un char de l’armée

Alyosuis dit s’être fait quelques amis pour la vie et, jusqu’à ce jour, il est resté en relation avec eux, de Terre‑Neuve à Vancouver. Chaque année, il assiste à la réunion des Forces armées. En octobre aura lieu la prochaine réunion annuelle qui se tiendra à Cap‑Breton. Il dit qu’il fera le voyage avec sa femme, pendant lequel il aura l’occasion de rencontrer quelques‑uns des hommes avec lesquels il a noué des amitiés solides.

Après avoir quitté les Forces armées, Aloysuis a travaillé dans de nombreux endroits. Il a rencontré sa femme et il est resté un certain temps avec elle à Labrador City. Mais quand ils ont eu des enfants, ils ont déménagé à Parker’s Cove où ils habitent encore aujourd’hui.

Le jour où j’ai parlé à Aloysuis Murphy, nous étions le 21 août 2015 et j’ai découvert qu’il venait de signer tous les formulaires chez son employeur et qu’il était officiellement à la retraite, après 52 ans passés à travailler dans l’armée. Quel bel accomplissement, c’est le moins qu’on puisse dire! Quand je lui ai demandé ce qu’il allait faire maintenant, la réponse a été « En profiter ».

Remerciements : Aloysuis Murphy