L’infatigable Willis Bond
Né esclave au Tennessee en 1823, Willis Bond achète sa liberté et celle sa famille, puis se construit une vie dans la colonie britannique. Au cours de l’été 1858, il arrive à Yale, en Colombie-Britannique. Avec Harrison, un homme du Yorkshire qu’il avait rencontré en Californie, il construit un fossé pour alimenter en eau les sites d’exploitation minière, mais à l’automne, Bond arrive à Victoria.
Fin 1858, la société « Bond & Co. Auction and Commission Merchants » (Bond & Co., encanteurs et négociants commissionnaires) fait régulièrement de la publicité dans le Victoria Gazette. Puis, à l’été 1860, il se lance comme entrepreneur général.
Il travaille pour des particuliers et décroche environ 16 contrats municipaux, écartant dans un cas la concurrence par 50 cents! Le montant des contrats du Municipal Street Committee (comité municipal des rues) attribués à Willis Bond allait de 8 $ pour la réparation d’un ponceau à la hauteur des rues Douglas et Humboldt jusqu’à 435,20 $ pour l’installation d’un drain de la rue Government à la rue Johnson.
En janvier 1865, il fait paraître une annonce dans les journaux : « ATHENAEUM HALL. L’infatigable Willis Bond est sur le point d’ouvrir une salle sur la rue Quadra, entre les rues Fort et View, qui sera consacrée à des activités publiques telles des assemblées politiques, des débats et autres ». Après s’être imposé comme orateur, Bond agit désormais comme maître de cérémonie lors d’évènements publics et devient un conférencier reconnu et respecté.
Même si Willis Bond a connu de nombreuses démêlées avec la police et la justice, son engagement au sein de la colonie l’appuie éloquemment lorsqu’il se décrit comme infatigable. Crawford Kilian, auteur renommé, décrit Bond comme « un solide entrepreneur de la classe moyenne ». Par ailleurs, David W. Higgins, devenu rédacteur en chef du Daily British Colonist en 1866, le décrit comme « l’homme, blanc ou noir, le plus intelligent que j’ai jamais rencontré. »
À sa mort, le 22 décembre 1892, sa nécrologie indique : « Pendant plusieurs années, il a manié le marteau de l’encanteur avec habileté et succès, puis s’est lancé plus tard dans les affaires comme entrepreneur. Comme il est doté d’une facilité d’élocution et d’un bon sens de l’humour, ses fréquentes apparitions sur la tribune de débat étaient bien accueillies. Il s’est fait de nombreux amis dont il conserva la bienveillance jusqu’à sa mort ». Willis Bond laisse dans le deuil sa femme, son fils et sa fille. Sa nécrologie a été republiée dans le Times Colonist de Victoria le 31 janvier 1954 dans un article sur les débuts de Victoria.
Crawford Kilian, « Go Do Some Great Thing: The Black Pioneers of British Columbia » (Va et accomplis de grandes choses : les Pionniers noirs de la Colombie-Britannique), Commodore Books, 2008;
D.W. Higgins. The Mystic Spring and Other Tales of Western Life (le printemps mystique et autres récits de la vie occidentale), 1904. pp. 30, 89. En 1860, David Higgins rejoint l’équipe du British Colonist comme rédacteur en chef, mais le quitte rapidement pour fonder son propre journal, le Victoria Daily Chronicle. En 1866, lorsque le Colonist est mis en vente, Higgins l’achète et le fusionne avec le Daily Chronicle, créant le British Daily Colonist;
James Nesbitt. « Old Homes and Families » (maisons et familles anciennes). Victoria Daily Colonist, 31 janvier 1954.