Précieuses réserves et querelles foncières
Armées de camions plus gros et de fours plus chauds, les carrières de Beachville tiennent à s’assurer de pouvoir fournir le marché grandissant des produits de calcaire. Pour cela, elles doivent mettre la main sur les réserves de cette précieuse ressource naturelle.
Achat de terres dans les années 1950 et 1960
Durant les années 1950, la North American Cyanamid achète des parcelles de terre de plusieurs propriétaires des environs de Beachville. Les accords ci-dessus ont été conclus entre un agriculteur et la North American Cyanamid en novembre 1953. Le contrat et sa prolongation donnent à la carrière l’option d’acheter 50 acres dans le coin nord-ouest du lot 16, concession 2, à North Oxford, pour 10 000 dollars. Il permet aussi à l’entreprise d’accéder à ces terres et de forer des carottes afin d’évaluer le gisement de calcaire, la qualité de la roche et la profondeur.
De nombreux accords de ce type sont rédigés pour les entreprises de calcaire de Beachville. En 1966, la Cyanamid possède les droits sur 504 acres de terres dans la région. Stelco et Domtar, ses concurrents à l’est et à l’ouest, détiennent respectivement 549 acres et 722 acres. De son côté, Canada Cement en possède 604 acres. La North American Cyanamid estime qu’avec plus de 800 acres de terres riches en calcaire, elle pourra exploiter ses carrières sans arrêt pendant une centaine d’années, à raison de 1,5 million de tonnes par an.
Querelles de carrière
Les environs de Beachville abritent de nombreuses fermes centenaires. Or, à mesure que les terres agricoles se transforment en carrières, la question de la protection des terres agricoles dans le corridor de la vallée calcaire se pose. De plus, les décennies d’exploitation de carrières ont laissé de vastes fosses à ciel ouvert que les grandes entreprises voient comme d’éventuelles décharges.
Dans les années 1970, l’entreprise sidérurgique qui possède l’ancienne carrière de la Cyanamid propose de jeter dans les fosses 2 millions de tonnes de déchets d’oxyde de fer provenant de la région de Hamilton. Les habitants des environs s’inquiètent de la poussière noire qui risque de s’échapper des camions et de polluer l’air local. Ils ont peur de voir la circulation augmenter et leurs maisons perdre de la valeur. Finalement, l’entreprise sidérurgique échoue dans son projet de modifier le zonage de la carrière pour l’utiliser comme décharge. Les relations entre les habitants de la vallée calcaire et leurs grands voisins industriels sont mises à l’épreuve, et ce ne sera pas la dernière fois.