Héros malgré lui
Regardez la vidéo The Life of A. Roy Brown.
Dans cette vidéo, John Chalmers, du Canada’s Aviation Hall of Fame, relate la vie de Roy Brown à l’aide de photos d’archives et de séquences contemporaines montrant des aéronefs de la Première Guerre mondiale.
Transcription :
Le nom de Roy Brown, pilote et chef de combat dans la Royal Navy et la Royal Air Force pendant la Première Guerre mondiale, est inextricablement lié à la mort de Manfred von Richthofen, le plus célèbre pilote de guerre de l’Allemagne. Après sa carrière militaire, Brown a fondé la General Airways Limited, une entreprise qui a mené des activités en Ontario, au Québec et au Manitoba dans les années 1930.
Fils de Mary and Morton Brown, Arthur Roy Brown est né à Carleton Place (Ontario) le 23 décembre 1893. Il avait deux frères et deux sœurs, et on l’appelait par son second prénom, Roy. Il est né à la maison, dans une résidence qui est encore debout. Il a commencé ses études à l’école publique à Carleton Place et pratiquait les sports dans les équipes locales, notamment l’équipe de hockey appelée « The Independents ». Au base-ball, Roy a fait ses preuves en jouant pour l’équipe de Carleton Place en 1912. En 1913, il est allé vivre à Edmonton chez son oncle William Brown et sa tante Blanche pendant deux ans pour fréquenter l’école secondaire Victoria. Il a continué à faire du sport et il a été capitaine de l’équipe de basket-ball de l’école. C’est à l’école secondaire Victoria que Roy a rencontré Wilfred « Wop » May, et les noms des deux jeunes hommes allaient devenir associés à compter de la Première Guerre mondiale.
De retour à Carleton Place, Roy a voulu s’enrôler dans les forces armées et il a présenté sa candidature au Royal Naval Air Service. Pour se qualifier comme pilote avant l’enrôlement, il est allé à l’école de pilotage Wright à Dayton, en Ohio. Deux jours après avoir obtenu son brevet de pilote de l’Aero Club of America, il s’enrôlait dans le Royal Naval Air Service et, le 2 décembre 1915, il voguait vers l’Angleterre à bord du S.S. Finland. Il avait le grade provisoire de sous-lieutenant d’aviation quand il a commencé l’instruction au camp du RNAS à Chingford, près de Londres, où il a continué sa formation aux commandes des VE2C de la Royal Aircraft Factory.
Après avoir obtenu le brevet de pilote du RNAS et suivi l’instruction à l’école d’artillerie d’East Church en mars 1917, Roy a été placé en service actif et affecté au 9e Escadron naval à Saint‑Paul‑sur‑mer, près de Dunkerque, sur la côte française. Là, il a rapidement participé aux combats aux commandes d’un Sopwith Pup du Royal Naval Air Service.
Le 17 juillet 1917, aux commandes d’un Sopwith Pup semblable à cette réplique conservée au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada, Roy a remporté sa première victoire en abattant un Albatros D3, un aéronef allemand plus puissant que le sien, et il a été promu lieutenant d’aviation. En août 1917, il prenait les commandes d’un Sopwith Camel doté de mitrailleuses jumelées et il remportait bientôt une deuxième victoire.
Affecté à une escadrille de combat dans son escadron, il a rapidement ajouté trois aéronefs à son tableau de chasse, ce qui a fait de lui un as, un pilote ayant au moins cinq victoires à son actif. À cette époque, Roy s’était déjà acquis une réputation pour ses talents de leader et de pilote et en septembre ses supérieurs recommandaient de lui décerner la Croix du service distingué. En novembre 1917, Roy est rentré en congé au Canada et il a passé quelque temps avec sa famille et ses amis avant de repartir outre-mer le 29 janvier 1918. Il voguait cette fois sur le Justicia, un navire qui a failli être torpillé au cours du voyage et qui a été coulé plus tard pendant la guerre. Promu au grade provisoire de commandant d’aviation, Roy a ensuite piloté exclusivement le Sopwith Camel. Il effectuait au moins deux missions de combat quotidiennement et accumulait les victoires.
Le 1er avril 1918, la fusion du RNAS et du Royal Flying Corp créait la Royal Air Force, et Roy est devenu capitaine dans le 209e Escadron de la RAF. Quelques jours plus tard, son ancien camarade d’école « Wop » May arrivait à l’escadrille de Brown et moins de deux semaines plus tard les deux pilotes allaient participer à une bataille aérienne légendaire de la Première Guerre mondiale. Le 21 avril, « Wop » May était poursuivi par Richthofen aux commandes de son triplan Fokker rouge quand Roy Brown a décroché un tir en direction de l’aéronef allemand, qui s’est écrasé, mettant fin aux jours du plus dangereux pilote allemand. L’événement est commémoré dans de nombreux tableaux et récits ainsi que dans une murale ornant un édifice de la ville natale de Roy, Carleton Place (Ontario).
Peu de temps après, Roy était démobilisé. Rentré au Canada, il a épousé Edythe Monypenny à Toronto. Le couple a eu un fils, Donald, et deux filles, Barbara et Margaret, cette dernière ayant travaillé pour l’ARC pendant la Deuxième Guerre mondiale. En 1928, Roy fait œuvre de pionnier de l’aviation canadienne en fondant la General Airways Limited. La société a commencé à assurer la liaison entre sa base, au Québec, et divers villages miniers éloignées au Québec et en Ontario. À compter de 1935, la société utilisait quatre bases au Québec et une cinquième en Ontario. Sept aéronefs transportaient marchandises et passagers vers des points éloignés, notamment Flin Flon (Manitoba), et offraient un service régulier vers Winnipeg. Pendant la grande crise, la General Airways est devenue déficitaire et elle a fermé ses portes en mars 1940. Roy a alors décidé d’acquérir une ferme abandonnée près de Stouffville (Ontario) et il en a fait une entreprise prospère. « Wop » May et Roy Brown ont entretenu leur relation et ils se sont vus pour la dernière fois en 1938. Le 9 mars 1944, à l’âge de 50 ans, ce héros de guerre qui avait fondé une entreprise de transport aérien est mort dans sa ferme à Stouffville. Arthur Roy Brown a été intronisé au Canada’s Aviation Hall of Fame lors d’une cérémonie qui s’est déroulée le 4 juillet 2015.