Un nom passé à l’histoire
De nombreux livres et films ont été produits pour tenter de mieux comprendre la vie de Roy et sa rencontre avec Richthofen. Roy parlait rarement de ce qu’il avait vécu pendant la Première Guerre mondiale, et la plupart des renseignements que nous possédons sont tirés de lettres personnelles, de rapports militaires officiels et d’anecdotes relatées par des parents et des amis. Aujourd’hui encore, sa vie extraordinaire continue de nous fasciner et de nous intriguer.
Certains indices permettent de croire que Roy serait à l’origine du personnage de James Bond, ce héros légendaire des romans d’espionnage de Ian Fleming. Après la guerre, Brown et Fleming ont tous deux passé quelque temps dans le sud de l’Ontario, au centre d’instruction pour l’espionnage militaire appelé Camp X ou du moins à proximité. Ce centre était administré par un bon ami de Fleming, William Stephenson, un véritable espion surnommé « Intrepid ». C’est à Stephenson que la victoire aérienne sur l’un des frères du Baron rouge, Luther, a été attribuée.
Les similarités avec Roy se retrouvent entre autres dans certaines des blessures et cicatrices de Bond, décrites pour la première fois dans le roman Casino Royale. Ces blessures semblent bien correspondre à celles que Roy a subies.
Selon certains, l’épisode où Roy a été laissé pour mort, en juillet 1918, quand son ami Stearne Edwards l’a sauvé, aurait inspiré à Fleming le roman On ne vit que deux fois.
Le fait le plus révélateur pourrait bien être le nom même de la secrétaire de James Bond, Edna Moneypenny, qui rappelle indéniablement celui de l’épouse de Roy, Edythe Monypenny. Fleming tenait d’ailleurs absolument à ce qu’une actrice canadienne joue le rôle d’Edna Moneypenny dans les premiers films de James Bond!
Roy n’a jamais fait étalage de ses succès et il n’a pas non plus tenu le compte des aéronefs qu’il a abattus. Il savait de quoi lui et ses hommes étaient capables. Il a toujours mené les pilotes de ses escadrilles avec compétence et il n’en a perdu aucun. Même épuisé par les combats, il a continué à affronter l’ennemi parce qu’il savait que les hommes sur le terrain avaient besoin de protection aérienne pour avancer. La détermination avec laquelle il a rempli ses responsabilités de pilote de chasse et de leader a certainement contribué à abréger ses jours, mais c’est précisément cette détermination qui est la marque des héros.
Le souvenir de Roy demeure bien vivant au Canada. Le centenaire du combat entre Roy et von Richthofen sera souligné le 21 avril 2018, et le récit de ses exploits sera alors transmis à une nouvelle génération de Canadiens. Des institutions comme le Canada’s Aviation Hall of Fame et le Royal Canadian Military Institute ont produit des expositions permanentes au sujet de la carrière militaire de Roy, et Roy figurait récemment dans une série documentaire de la Société géographique royale du Canada intitulée L’essor d’une nation, consacrée aux aviateurs canadiens de la Grande Guerre.
Carleton Place et Stouffville (Ontario) s’enorgueillissent toutes deux d’avoir compté Roy Brown parmi leurs concitoyens et elles ont toutes deux érigé des monuments à sa mémoire. En 2016, une plaque commémorative a été dressée à Stouffville à l’endroit de son inhumation initiale. Carleton Place, lieu de naissance de Roy, a décrété que le 4 juin était la « Journée Roy Brown ». Dans cette ville, une grande murale illustrant le combat aérien contre von Richthofen a été dévoilée dans la rue principale en 2012. Des plaques commémoratives ont en outre été installées près du cénotaphe et au lieu de sa naissance. En 2017, un parc de 30 acres sillonné de sentiers sera dédié à la mémoire de Roy Brown et de ses camarades aviateurs.
Ce héros malgré lui ne tombera pas dans l’oubli