Lecture publique de Nicole Brossard
Matériel audiovisuel : Forward Focus Productions Ltd.
Source: Fonds d’archives Mary Anne McEwen, Crista Dahl Media Library and Archives, VIVO Media Arts Centre, Vancouver, Canada.
La poétesse formaliste et romancière québécoise Nicole Brossard lit la troisième strophe de Sous la Langue dans sa version originale française. La poétesse vancouvéroise Daphne Marlatt lit ensuite la traduction anglaise (Under Tongue).
Brossard: “On ne peut pas prévoir pencher si soudainement vers un visage et vouloir lécher le corps entier de l’âme jusqu’à ce que le regard étincelle de toutes les fureurs et les abandons. On ne peut pas prévoir l’emportement du corps dans l’infini des courbes, des sursauts, chaque fois que le corps se soulève on ne voit pas l’image, la main qui touche la nuque, la langue qui écarte les poils, les genoux qui tremblent, les bras qui par tant de désir entourent le corps comme un univers. On ne voit que le désir. On ne peut pas prévoir l’image, les fous rires, les acclamations et les larmes. L’image est tremblante, muette et polyphonique. Fricatelle ruisselle essentielle aime-t-elle le long de son corps la morsure, le bruit des vagues, aime-t-elle l’état du monde dans la flambée des chairs pendant que les secondes s’écoulent cyprine, lutines, marines. »
Daphne Marlatt répète la strophe en lisant la traduction anglaise.
Marlatt : « You cannot foresee so suddenly leaning toward a face and wanting to lick the soul’s whole body till the gaze sparks with furies and yieldings. You cannot foresee the body’s being swept into the infinity of curves, of pulsings, every time the body surges you cannot see the image, the hand touching the nape of the neck, the tongue parting the hairs, the knees trembling, the arms with such desire encircling the body like a universe. Desire is all you see. You cannot foresee the image, the burst of laughter, the screams and the tears. The image is trembling, mute, polyphonic. Does she frictional she fluvial she essential does she all along her body love the bite, the sound waves, does she love the state of the world in the blaze of flesh to flesh as seconds flow by silken salty cyprin. »