Unir les communautés
Au courant des quatre années suivantes, la MVAAA travaille fort à récolter des fonds, à mettre sur pied des comités, à obtenir l’accès aux sites des Jeux, à réserver l’hébergement des participants, à établir des procédures administratives et à faire la promotion des Jeux. Au fur et à mesure que les préparatifs progressent, la question se pose quant à l’inclusion significative de groupes appartenant à des sous-cultures, comme les communautés drag ou cuir.
En général, la communauté LGBTQ2+ de Vancouver est réceptive aux promesses de visibilité positive, d’unité et de fierté qui sont mises de l’avant par les Jeux gais. Toutefois, la stratégie employée par les Jeux, soit de faire la promotion des droits civils par le biais de l’assimilation [1], est remise en question par des théories contemporaines queer et féministes ainsi que par des stratégies activistes de lutte contre le sida.
La lettre d’un employé, adressée au conseil d’administration, suggère l’existence d’un débat entourant le rôle que seraient autorisés à jouer des groupes appartenant à des sous-cultures à l’occasion des Jeux. Dans sa lettre, l’employé exprime une inquiétude profonde à l’idée que « l’on puisse exclure la présence officielle de membres de la communauté « drag » de Celebration ’90. » [2]
C’est là un enjeu pragmatique et éthique pour les Jeux. La communauté drag a historiquement joué un rôle de premier plan dans les luttes menées pour les droits de la communauté LGBTQ2+ et contribue de façon importante aux collectes de fonds organisées pour les Jeux, notamment pour le financement des équipes sportives. La communauté cuir soutient également Celebration ’90. « Mack » McKinnon, propriétaire de Mack’s Leathershop, croit fermement que les Jeux peuvent contribuer à unifier la communauté LGBTQ2+ de Vancouver. Il récolte des fonds grâce au concours « Mr. Drummer », soit le premier événement organisé conjointement par les communautés cuir et sportive LGBTQ2+ de Vancouver. À sa mort en 1988, McKinnon est le plus important donateur individuel à Celebration ’90.
Avant que ne débutent les Jeux, le directeur général de la MVAAA, Mark Mees, s’exprime publiquement en faveur de l’inclusion visible des communautés drag et cuir. L’artiste drag Bill Monroe exécute aussi des fonctions clés de Celebration ’90.
Les militants et la communauté LGBTQ2+ débattent, avant, pendant et longtemps après la tenue des troisièmes Jeux gais, des aspects les plus conservateurs du modèle des Jeux. L’écrivain local Dan Gawthrop résume bien l’opinion de plusieurs lorsqu’il demande : « Est-ce que faire la promotion d’une image « positive » de notre communauté veut vraiment dire que nous devrions tous ressembler à de jeunes hommes blancs qui sont partisans du « Socred »? » [3] [4]
L’écrivaine britanno-colombienne Jane Rule expose clairement son point de vue en ce qui concerne la responsabilité qu’a la communauté LGBTQ2+ dominante envers ses « militants radicaux dans la rue ».
[1] Citation de Tom Waddell tirée d’une entrevue accordée à Mary Anne McEwen en 1983.
[2] The Gay Games: A History, Caroline Symons, Taylor & Francis (Angleterre) 2010.
[3] « Mopping Up After the Deluge », Dan Gawthrop, Angles (Vancouver, Colombie-Britannique, Canada), octobre 1990, page 11. Note : le « Socred » était le Parti Crédit social de la Colombie-Britannique.
[4] Les politiques des Jeux gais ont évolué au fil du temps. Pour de l’information sur les politiques et activités actuelles de la Fédération des Jeux gais, cliquez ici [https://gaygames.org].