Lettre de William Hardisty à mademoiselle Davis, le 20 novembre 1869
Lettre de William Hardisty à mademoiselle Davis, le 20 novembre 1869. Archives du Manitoba.
Fort Simpson
Le 20 novembre 1869
Chère demoiselle Davis,
Après un voyage pénible de près de trois mois à la rivière Rouge, en grande partie coincé dans un petit canot, je suis arrivé à Fort Simpson le 29 août, où j’ai trouvé ma femme et mes enfants en bonne santé, dans le simple confort que le Grand Nord permet. Sans tarder, nous nous sommes préparés à affronter l’hiver avec les quelques commodités de la vie dont nous devrions nous réjouir, mais nous – ou moi à tout le moins – ne sommes jamais satisfaits. Je me surprends parfois à soupirer parce que les aises et les avantages supérieurs du monde civilisé me manquent.
J’espère que cette missive vous trouvera en santé, tout comme mon fils Richard. Je tiens à vous remercier, car vous avez dû avoir de la difficulté avec lui. Dans ce district, c’est très difficile d’éloigner nos enfants des Indiens qui viennent souvent chez nous. Pour mes enfants, c’est d’autant plus difficile qu’ils ont l’inconvénient que leur mère n’est pas instruite. Je suis généralement loin d’eux pendant tout l’été, et l’hiver aussi par moments. Par conséquent, leurs mauvaises habitudes attirent davantage la pitié que les reproches. Je vous demande donc pardon s’ils ne se comportent pas aussi bien que les enfants dont la mère est instruite et capable de leur inculquer des habitudes vertueuses dès la petite enfance et leur enseigner les rudiments de l’école, évitant par le fait même aux maîtresses d’école de faire ces tâches les plus ardues avec les débutants.
Cela dit, je suis prêt à vous récompenser pour le travail supplémentaire que vous avez à faire avec mes enfants. Je ne pourrai jamais vous remercier ou vous payer assez pour l’attention et la gentillesse dont vous avez fait preuve envers ma petite fille – j’aurais tellement voulu qu’elle termine ses études sous votre égide si sa santé l’avait permis – mais je croyais que le climat du Canada lui ferait du bien, ce qui a été le cas, et l’assistance médicale supérieure qu’elle y a reçue lui a vite permis de se remettre sur pied, même si elle a continué à tousser par moments. Le docteur m’avait recommandé de la laisser au Canada pendant quelques années, et c’est pour cela que je ne l’ai pas ramenée chez vous. Richard, si j’ose l’avouer, sera bientôt un trop grand garçon pour fréquenter une école de filles. C’est pourquoi je vous remercie de bien vouloir le placer sous les soins de l’archidiacre McLean le 1er juin. Je viens de lui écrire pour qu’il l’accueille ce jour-là, de sorte que ses études commenceront le premier jour de l’exercice financier, ce qui sera plus pratique pour lui. Dans un an ou deux, j’aimerais vous envoyer mon garçon Frank si vous êtes prête à vous donner le souci de lui enseigner ou, plutôt, de le corriger pendant quelques années, mais je vous préviens : il est encore plus indompté que Richard. Je vous prie de me confirmer le tout dès que vous en aurez l’occasion. Entre-temps, je vous transmets mes meilleurs vœux et mes meilleures salutations.
Sincèrement vôtre, chère demoiselle Davis,
WLH