Vers l’Ouest
À l’arrivée de Belle à Calgary en 1882, une centaine de personnes habitaient dans la ville. L’année suivante, James Alexander Lougheed, avocat de Toronto, s’est installé à Calgary. Belle et James se sont rencontrés chez sa tante et son oncle, à l’occasion d’une activité sociale de l’Église méthodiste. C’était en 1883. Belle jouait de l’orgue à l’église, tandis que James supervisait l’école du dimanche.
Belle entretenait des relations étroites avec sa tante et son oncle, Eliza et Richard Charles. La réception de mariage de Belle et de James a eu lieu chez eux en 1884. Ce mariage avantageait James énormément.
« L’accession au pouvoir et à la richesse de James à Calgary était grandement attribuable à Belle Hardisty, son épouse. Son entrée dans la famille Hardisty lui a permis de rencontrer une foule de gens haut placés. Sa femme, si sociable et d’un si grand naturel, a aidé ce nouvel arrivant de l’Est canadien à monter dans la société. » [traduction libre][1]
La première demeure de Belle et de James prenait la forme d’un petit bâtiment de la 8e Avenue, qui avait jadis servi d’atelier de tailleur et de quincaillerie. Des années plus tard, en 1922, Belle a décrit les travaux de rénovation.
« [N]ous l’avons remise à neuf et l’avons grandement embellie avec une fenêtre en baie. Il s’agissait de la toute première fenêtre en baie de Calgary. Bien des spectateurs ont surveillé son installation. » [traduction libre][2]
En 1891, une nouvelle résidence a été construite pour Belle et James. Ils ont appelé ce domaine « Beaulieu ». Cette demeure majestueuse et élégante convenait parfaitement à leur famille et à la tenue d’événements sociaux et politiques. La signification de son nom est incertaine. Il faisait peut-être allusion au patrimoine métis de Belle, qui avait entendu parler de François Beaulieu, commerçant de fourrures associé de son père, connu en tant que « marchand, trappeur et chasseur innovateur et téméraire, ainsi que politicien métis redouté ». [traduction libre][3] Peut-être aussi que ce nom rendait hommage à la grandeur de la maison du palais de Beaulieu à Hampshire, en Angleterre, ou au palais de Beaulieu, dans l’Essex.
Belle et James ont eu six enfants : Clarence (né 1885, décédé 1933), Norman (né 1889, décédé 1963), Edgar (né 1893, décédé 1951), Dorothy (née 1898, décédée 1958), Douglas (né 1901, décédé 1931) et Marjorie (née 1904, décédée 1917). Ils ont connu bien des chagrins. Leur fille Marjorie, souvent malade, est morte à l’âge de douze ans. Quelques années après le décès de James en 1925, leur fils cadet, Douglas, sportif invétéré et champion golfeur, s’est suicidé à l’âge de trente ans, et Clarence, leur aîné, est mort dans son sommeil à l’âge de quarante-huit ans.[4]
James avait légué ses biens à ses fils, ne se doutant pas des difficultés que Belle et la famille auraient à surmonter pendant la Grande Dépression. La fortune de James, principalement dérivée du secteur immobilier, s’est vite effondrée. En 1934, la Ville de Calgary est devenue propriétaire de Beaulieu pour cause de défaut de paiement des impôts fonciers. Avec Norman et sa famille, Belle a eu la permission de continuer à vivre dans la maison, un gage de respect pour les Lougheed. Belle a rendu l’âme en 1936. En 1938, une vente aux enchères a eu lieu à Beaulieu pour vendre les biens de la famille afin de faire de l’argent pour rembourser les dettes. Cette vente a été une source d’angoisse et de tristesse pour les autres membres de la famille, qui ont été témoins de la vente de leurs objets de famille aux plus offrants.
[1] Donald Smith, Calgary’s Grand Story, 2005, p. 22
[2] « Canadian Women in the Public Eye », SATURDAY NIGHT – « The Paper Worth While », le 16 septembre 1922
[3] Rosemary Allerston, « Where the Beaulieus began », Up Here, janvier-février 1999, pp. 49-50
[4] Alan Hustak, Peter Lougheed, McClelland and Stewart Ltd, Toronto, Canada, 1979, p. 25