Une communauté diversifiée
La colonisation s’est peu à peu étendue le long de la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse. Les soldats construisirent la première route d’Halifax vers Cole Harbour en 1754, créant à l’est de celle-ci une nouvelle colonie appelée Lawrencetown. Les fermes commencèrent à s’y développer. Peu à peu, la région devint connue comme Cole Harbour, du nom du port situé à l’est.
La plupart des terres furent concédées aux 17e et 18e siècles. En 1765, la plus grande terre comprenait six lots de 500 acres. Le lot numéro 6, le seul bordant l’estuaire de Cole Harbour, fut attribué à George Frederick Ott, originaire d’Allemagne. C’était un site de choix situé du côté ouest du port et, contrairement à bon nombre des bénéficiaires originaux, la famille Ott continua d’occuper une partie de sa concession durant des années.
Les plus petits navires pouvaient emprunter les chenaux creusés dans la boue des marais par les ruisseaux d’écoulement pour atteindre le port. Certaines des premières familles de Cole Harbour s’intéressèrent au transport maritime; un colon aurait construit de petites goélettes de cabotage sur les rives du port. Des chargements de bois provenant des terres situées à proximité du port étaient acheminés vers le sud en direction de l’Atlantique, puis vers Halifax et à l’étranger.
Il y a eu au moins un naufrage; un vieux plan du cimetière de Lawlor’s Point, le long du port, indique l’emplacement de tombes anonymes que l’on pense être celles des naufragés.
Une structure survit, rappelant l’époque de la voile à Cole Harbour : une salle de réunion méthodiste construite au début des années 1830 près de la crête de Long Hill, surplombant le port. Aujourd’hui cachée par les arbres, elle servait originalement de point de repère aux navires qui entraient dans le port et est ainsi représentée sur une carte de l’époque.
Au nord du port, on observait des vagues de colonisation. Bien que les communautés aient été desservies par une route rudimentaire, bien des gens préféraient emprunter la voie maritime à travers le port et le long de la côte jusqu’à Halifax. Certains Loyalistes de l’Empire-Uni se virent attribuer des terres au nord du port, dans la région connue sous le nom de Preston, à la fin du 18e siècle. Seule une petite partie de ces terres était propice à l’agriculture et la plupart des bénéficiaires s’en allèrent. Parmi eux, un groupe de loyalistes noirs mirent le cap sur Sierra Leone après avoir tenté pendant quelques années de tirer parti de leurs terres pauvres.
En 1796, on fit venir des Caraïbes à Halifax les Marrons de la Jamaïque. Certains d’entre eux travaillaient sur des projets gouvernementaux dans la ville comme le projet d’amélioration de la citadelle d’Halifax. Peu habitués à l’agriculture, les Marrons furent également insatisfaits des terres de Preston et la plupart choisirent d’être réinstallés en Afrique en 1800. La tradition veut qu’on attribue aux Marrons un certain nombre de bâtiments de la région, ainsi qu’une digue en pierre visant à empêcher l’eau des marées de pénétrer dans une petite crique à Lawlor’s Point. Ils la construisirent dans le but de gagner quelques acres de terrain pour y faire pousser du foin.
Le lieutenant-gouverneur de la province, Sir John Wentworth, établit une ferme dans la région de Preston, où il se réfugiait aussi souvent que possible. Il empruntait la voie maritime à travers l’estuaire de Cole Harbour jusqu’à sa ferme, arrivant au port et poursuivant sa route à cheval. D’autres chemins rudimentaires reliaient les sites de débarquement à Preston. Le plus utilisé d’entre eux est identifié comme lieu de débarquement public sur une carte produite plus tard.