Cole Harbour grandit
La population à l’est de l’estuaire de Cole Harbour et le long de la côte augmentait elle aussi, mais pas aussi rapidement. Les gens de la côte est qui avaient des commerces à Halifax se rendaient généralement en ville par bateau. Lorsqu’ils voyageaient par voie terrestre, c’est à pied ou à cheval qu’ils parcouraient les longs kilomètres qu’il fallait pour contourner les vastes étendues d’eau du marais salé de Cole Harbour. La route était encore en grande partie impraticable pour les véhicules à roues. Les charrettes à bœufs pouvaient être utilisées localement, à certaines périodes de l’année, mais ne s’aventuraient généralement pas très loin.
Plusieurs des personnes qui vivaient autour du marais salé de Cole Harbour établirent des fermes de subsistance là où les terres le permettaient. Cependant, les propriétés situées à l’est du port ne favorisaient guère l’agriculture. La pêche contribuait largement au revenu. Les propriétaires de terrains autour du marais coupaient le foin salé qui poussait au-dessus de la ligne de marée haute. Plusieurs chassaient et pêchaient dans ses eaux et récoltaient des palourdes dans les vasières exposées à marée basse.On trouva de nombreux usages à l’herbe de mer (Zostera maritima ou zostère marine) qui pousse abondamment dans les eaux de Cole Harbour; elle était utilisée entre autres comme isolant dans les murs et autour des fondations des habitations locales. De plus, les algues qui s’échouaient sur le rivage pendant les tempêtes étaient utilisées comme engrais. L’accès à la plage était limité par le mauvais état des routes, mais avec le temps des dizaines de chariots de ferme descendaient sur la grève pour y ramasser des algues. En raison de la vive concurrence, il y eut des plaintes alléguant que certains agriculteurs prenaient trop de ce fumier de mer au détriment des autres. Une loi provinciale fut adoptée afin d’interdire la récolte des algues avant le lever du soleil. Les agriculteurs s’adaptèrent en faisant la queue sur la plage dans la pénombre avant l’aube, prêts à charger leurs charrettes au lever du jour.