Ferme à Flying Point
Flying Point va presque jusqu’au milieu de l’estuaire, divisant le haut du port en deux parties. Lorsque le port fut endigué, on pensait que les terres des marais ainsi récupérées deviendraient des terres agricoles prospères. Certains lots allaient être achetés par des propriétaires adjacents, mais la plupart étaient exploités par la société propriétaire du port et responsable de la digue. On accédait à Flying Point par une route longeant le côté est de la péninsule et aboutissant au marais situé à l’extrémité sud. À l’extrémité nord, cette route rejoignait Lawrencetown Road.
La société entreprit d’aménager une ferme moderne, sans égard aux coûts. La route fut tracée et l’extrémité sud de la péninsule déboisée. Des maisons, une grange et des dépendances furent construites pour les ouvriers agricoles. Un grand puits fut creusé et doublé de pierre : il s’agit de l’une des rares structures que l’on puisse encore identifier dans la forêt qui recouvre maintenant le site. Le matériel agricole le plus perfectionné fut importé d’Angleterre. Henry Jacob Conrad fut embauché comme gérant de la ferme; lui et sa nouvelle épouse, Margaret Bissett, vivaient dans l’un des deux duplex construits pour les employés de l’entreprise. Un hébergement pour quatre familles fut prévu, mais Henry, Margaret et leurs enfants furent probablement les seuls résidents durant la majeure partie des quatre années qu’ils passèrent sur la Pointe. D’autres travailleurs provenant des communautés environnantes furent embauchés, principalement sur une base saisonnière; beaucoup d’entre eux effectuaient probablement le trajet tous les jours plutôt que de vivre sur place. Une autre maison de la Pointe, plus luxueuse que celle de la famille Conrad, ne fut jamais achevée. Une résidente plus récente, Margaret Kuhn Campbell, qui avait joué dans les ruines de la maison lorsqu’elle était petite fille (vers 1910), pensait que cette maison était destinée à John Watson.
La digue ne réussit jamais à empêcher l’eau de pénétrer dans l’estuaire comme on l’espérait et, de ce fait, toute terre assez sèche pour être exploitable aurait été très salée les premières années. Malgré cela, la société connut un certain succès au début; la ferme fut effectivement exploitée pendant plus de 10 ans. On commença la distribution des lots autour du marais, indiqués sur certains plans de l’époque, mais on ne sait pas si les agriculteurs qui achetèrent ces lots les utilisèrent. Il est en fait peu probable qu’ils aient récupéré leur investissement. La société continua ses activités tant bien que mal, détenue et exploitée depuis l’Angleterre jusqu’à la fin des années 1880, avant de faire faillite. C’est une histoire peu connue que l’on pourrait difficilement imaginer en regardant l’estuaire aujourd’hui. Ceci ne marqua toutefois pas la fin de l’agriculture dans le marais et les terres allaient bientôt être cédées à leur dernier propriétaire. Pendant ce temps, les habitants de la région et de la ville profitaient de ces vastes étendues à moitié drainées pour pêcher et pour chasser les oiseaux des marais et les oiseaux aquatiques qui y vivaient en abondance.