Les Acadiens dans la région
Au début du 17e siècle, les Européens commencèrent à s’établir en Acadie (comme était alors connue la Nouvelle-Écosse). Les agriculteurs francophones, appelés Acadiens, développèrent des communautés dans les terres fertiles de la vallée de l’Annapolis. Tout au long du 17e siècle, les guerres européennes provoquèrent des affrontements entre Français et Anglais en Nouvelle-Écosse, amenant la province à changer régulièrement de mains. Les Britanniques prirent le contrôle de la Nouvelle-Écosse continentale en 1713 et firent d’Halifax la nouvelle capitale en 1749.
On trouve ici et là des références à une ancienne colonie française à l’est de Cole Harbour. Généralement, quelques familles pratiquaient une agriculture de subsistance combinée à la pêche, souvent avec la collaboration des Mi’kmaq. Vers 1688, trois colons français et 33 familles Mi’kmaq vivaient en voisins à Chezzetcook, à quelques kilomètres à l’est de Cole Harbour. Mais une colonie permanente prit du temps à s’établir.
Historiquement, la plupart des Acadiens cultivaient principalement dans la vallée de l’Annapolis et autour du bassin des Minas. Bien que neutres, ils refusèrent de déclarer leur loyauté aux Britanniques, craignant d’avoir à combattre leurs compatriotes français. Ce refus préoccupa les Britanniques qui luttaient toujours avec les Français pour obtenir le contrôle de l’Amérique du Nord. En 1755, les autorités britanniques décidèrent donc d’expulser les Acadiens de la Nouvelle-Écosse. Ceux qui échappèrent à la déportation vinrent s’installer dans l’ancienne colonie française de Chezzetcook et y établirent une colonie permanente.
La communauté s’est développée au cours du 19e siècle. Les Acadiens de Chezzetcook se rendaient régulièrement à Halifax pour faire des affaires et vendre leurs produits. Des résidents âgés de Cole Harbour se souvenaient de les avoir entendus chanter lorsqu’ils traversaient la communauté à pied avec leurs lourds chargements, poussant une brouette, tirant un traîneau ou même en patins lorsqu’une tempête hivernale avait recouvert de glace le chemin de Cole Harbour (Cole Harbour Road). Sans cesse occupées, les femmes de Chezzetcook continuaient de tricoter, même en marchant en ville.
Les Acadiens ont su tirer parti des marais salés de leur propre communauté et du marais salé de Cole Harbour. À la fin du 19e siècle, lorsque le marais fut endigué, certains Acadiens y faisaient du foin qu’ils transportaient à leurs fermes une fois le marais gelé. Les habitants de Chezzetcook continuèrent d’utiliser des bœufs jusqu’au 20e siècle. La légende veut qu’un fermier qui avait conduit son traîneau et ses bœufs au marais pour charger son foin se soit fait surprendre par une bourrasque de neige aveuglante. Incapable de trouver des repères, il fit confiance à ses bœufs. Ces derniers poursuivirent leur chemin dans la neige, en toute quiétude, conduisant leur chargement à l’endroit précis où le chemin menait du marais à la maison.