Peter McNab Kuhn
C’était effectivement une bataille. Non seulement l’aboiteau devait-il être réparé sur une base régulière, particulièrement au printemps lorsque la glace se détachait du port et venait s’écraser contre les portes, mais également à l’automne, lorsque les tempêtes ouvraient la barrière à l’est du port. Ici, un caisson et des rochers furent mis en place pour renforcer la barrière naturelle qu’offrait la plage. La route de West Lawrencetown longeait la crête pour atteindre le pont qui enjambait l’aboiteau. Les roches qui bordent l’océan, le sable et les plages ne demeurent jamais statiques, car elles sont toujours exposées aux vents et aux vagues. Les problèmes rencontrés par Peter McNab Kuhn il y a plus de 100 ans se retrouvent aujourd’hui dans les efforts déployés par la Cole Harbour Parks & Trails Association pour tenter de maintenir la chaussée actuelle qui traverse le port. Non seulement la barrière de Kuhn devait affronter la force de l’océan, mais lui et ses fils effectuaient le travail à la main, souvent immergés jusqu’à la taille dans une eau glacée. C’était un défi de taille.
Extrait audio avec transcription « Extrait de A Tale of Two Dykes ».
À l’âge de 81 ans, Margaret, la troisième fille de Peter qui avait pris sa retraite dans une nouvelle maison à Flying Point avec son mari, le révérend Herman Campbell, publia ses souvenirs de Cole Harbour dans « A Tale of Two Dykes ». Elle consulta notamment son frère Wilfrid, le deuxième fils de Peter et le premier enfant à être né dans la maison de la digue, qui vivait alors en Floride. Elle relata le défi qu’ils devaient affronter chaque année suite à l’accumulation des glaces, aux tempêtes printanières et aux marées montantes. Ci-dessus, la conteuse locale Cindy Campbell-Stone lit l’extrait.
La récolte du foin était probablement celle que Peter réussissait le mieux, même si la qualité n’était jamais très bonne. Les herbes plus nourrissantes des hautes terres ne poussaient pas sur les vasières mal drainées et salées : même les modifications apportées aux vannes par Kuhn afin d’améliorer le drainage eurent peu d’effet. Les jeunes bovidés broutaient dans le marais en été, mais la finition avant l’abattage se faisait autour de la ferme, où l’herbe était meilleure.
Clip audio avec transcription: « La récolte du foin des marais ».
En 1995, un récit écrit par Ian Forsyth à propos de la récolte du foin salin fut imprimé dans un livre intitulé La vie et l’époque de Peter Max Kuhn, 1887 – 1938, écrit par Bernard Kuhn. Ce récit est lu à voix haute par Ray Adams dans le clip ci-dessus.
Les habitants continuaient à chasser dans le marais et les efforts de Kuhn pour imposer un contrôle de ses terres étaient impopulaires et souvent ignorés. La pêche était également affectée par les portes de l’aboiteau qui gênaient le cycle naturel de la vie marine. L’aboiteau fut réparé après une première tentative pour le détruire, mais la bataille que mena Kuhn durant plus de 25 ans prit fin lorsque les portes furent détruites de façon mystérieuse, mais irrévocable, en 1917 (« explosion » est le terme habituellement utilisé par les résidents les plus âgés). Il ne semble y avoir aucune trace de cette destruction dans les journaux de l’époque; personne ne fut jamais inculpé et l’événement a peu à peu disparu de la mémoire collective.