De la voile au moteur
3e génération : les trois frères
Maurice « Jimmy » et son épouse Marie Boudreault ont eu neuf enfants, dont sept vivants. Trois fils consacreront leur vie à la navigation : Zélada, Joseph et Maurice Albert. Leur père a acquis une petite goélette à voile baptisée Fleur de Marie. Elle devient leur école de vie et de marine.
Les trois garçons se marient à des femmes singulières. Mathilda, la femme de Zélada, a un sens aigu des affaires. Amélia, dite Bella, épouse Joseph. Elle est cultivée et valorise l’éducation. Maurice se marie d’abord à Blanche puis, veuf, il convole en seconde noce avec Rose-Alba.
Goélettes à voile
Bien mariés en ce début de 20e siècle, les frères Desgagnés préfèrent la voile à la modernité de la vapeur. Zélada et Joseph qui ont hérité de la Fleur de Marie lors du décès de leur père en 1912, construisent cinq ans plus tard, la goélette à voile J.Z. Degagné.
En 1924, Joseph et Maurice, se lancent chacun dans la construction de leurs bateaux. Joseph bâtit La Josuhée et Maurice, la Rose-Alba, baptisée en honneur de sa seconde épouse. Toute neuve, la Rose-Alba frôle la catastrophe quelques jours avant Noël 1924. À la faveur d’une grande marée et d’une forte brise, elle fugue dans le golfe du Saint-Laurent. Localisée et récupérée, La Josuhée de Joseph la ramène à bon port le printemps suivant.
Une forme de voilier, une propulsion motorisée
À l’hiver 1930, Zélada et Joseph font installer un moteur sur leur goélette respective. À l’usage, il devient urgent de relocaliser l’équipage, condamné à dormir à côté du bruyant moteur. Les navigateurs et charpentiers doivent modifier la structure.
Ils suppriment le grand mât arrière, ajoutent le mât de charge, construisent sur le pont principal une chambre qui sert de cuisine et une timonerie au-dessus de celle-ci. Le capitaine y trouve son compte avec une cabine privée derrière la timonerie. Et Charlevoix a désormais des goélettes bien typées.
Maurice n’aura pas le temps d’adapter sa Rose-Alba. Malmenée par une tempête d’automne en 1931 au large de Matane, désemparée avec ses voiles en lambeaux, la goélette en détresse est aperçue par un cargo à vapeur qui réussit in extremis à sauver le capitaine engagé et ses deux matelots avant que les vagues détruisent la petite goélette. L’expérience d’armateur de Maurice prend fin.