Deuxième génération – Maurice le téméraire
La seconde génération des armateurs Desgagnés, les frères Maurice et Joseph, sont très actifs. Ils ont hérité du sens des affaires de leur père Zéphirin. Si Joseph demeure dans la région du Saguenay, Maurice revient aux Éboulements vers 1875 et s’associe avec ses beaux-frères Boudreault.
Téméraire, Maurice ne s’en tient pas au cabotage local, car dès 1877, il navigue à plus d’une reprise sur le Golfe Saint-Laurent. D’abord avec la Marie-Philomène, puis à partir de 1882, sur la Marie-Vigilante. Il se rend jusqu’à Saint-Jean, Terre-Neuve ou Saint-Pierre-et-Miquelon, transportant des marchandises diverses dans les deux directions. À l’aller, sa goélette quitte le port de Québec avec le plein de bois de construction, de vivres et occasionnellement, des passagers. Sur le chemin du retour, elle rapporte de pleines cargaisons de poisson, de charbon et parfois de l’alcool.
Contrebande, aventures et mésaventures
En 1878, le jeune Dominion du Canada proclame la loi sur la tempérance. Territoire français, Saint-Pierre-et-Miquelon est beaucoup plus libéral. Gin, whisky et cigares sont entreposés près du port et sont facilement disponibles pour la vente. En armateur avisé, Maurice ne refuse pas les occasions pour rentabiliser la Marie-Vigilante. En remontant le fleuve, il écoule sa précieuse cargaison sur des petites îles du Saint-Laurent. Sur des barques ou en carrioles, des commerçants des hameaux riverains l’attendent discrètement. Les marées emportent leurs traces. Or, les douaniers ne sont pas dupes. Ils savent qu’il y a contrebande sur le fleuve. Ils connaissent les endroits d’échange de marchandises.
Le 11 novembre 1891, un bateau des douanes arraisonne la Marie-Vigilante et les agents y découvrent une cargaison de whisky. La goélette est saisie et remorquée à Québec. L’alcool, comme le bateau, sont vendus aux enchères. Faisant encore preuve d’audace, Maurice rachète son navire et le vend à son avocat, le Sénateur Charles-Alphonse Pelletier. Il continue tout de même à en être le capitaine et à faire des affaires jusqu’au naufrage du navire en 1897.
Personnage plus grand que nature, Maurice qu’on surnomme « Jimmy » aura été navigateur, armateur, homme d’affaires et politicien, tout comme son père Zéphirin.
Désormais, chaque génération baptisera un enfant Maurice.