La Mont Ste-Marie
Une construction
C’est aux Chantiers maritimes de Charlevoix qu’on entreprend la construction du bateau sous l’œil attentif du charpentier Audet. La scierie marche à plein régime. Les ouvriers font de longues journées de travail. La goélette prend forme de jour en jour.
En plus d’être une fierté pour la famille, la construction de la Mont Ste-Marie procure de l’emploi à plusieurs travailleurs du chantier pendant près de deux ans. En septembre 1952, la goélette est fin prête pour sa mise à l’eau. Peinte en blanc, majestueuse, on procède à son baptême. La mère des frères Desgagnés, Mathilda Audet, est la marraine désignée.
La Mont Ste-Marie est l’ultime goélette construite sur les rivages de Saint-Joseph-de-la-Rive. Elle a une longueur de 38 mètres et une capacité de charge de 500 tonnes. Selon le droit d’aînesse, c’est J.A.Z. Desgagnés qui a le privilège de prendre son commandement.
Le bateau sillonne le fleuve pendant 17 ans, surtout de Montréal à Baie-Comeau, d’abord pour la Gulf Pulp & Paper Co puis pour la compagnie Clarke. La goélette transporte du bois de construction, de la pulpe de papier, des marchandises générales, des produits réfrigérés, puis de l’aluminium destiné aux ports de Pointe-au-Pic (La Malbaie) et Cap-de-la-Madeleine (Trois-Rivières). Parfois, les contrats amènent son équipage jusqu’aux Grands Lacs et aux Maritimes.
Au début de la décennie 1970, alors que le transport terrestre et les caboteurs en acier supplantent le transport par goélette, la Mont Ste-Marie est mise à la retraite, sur la rive du chantier qui l’a vu naître. Comme une gardienne qui veille sur la baie de Saint-Joseph-de-la-Rive, elle agrémente le paysage au grand plaisir des passants et des touristes qui la photographient sans relâche. En 1998, alors que le site est devenu musée, la goélette est ravagée par un incendie. Il ne reste plus sur le rivage que son épave qui s’ensable au gré des grandes marées.