Pour ne pas perdre le nord
1966 marque une avancée vertigineuse pour la famille Desgagnés : le début de la navigation dans le Nord québécois.
C’est la quatrième génération et leurs enfants qui opèrent ce changement. Les aînés ne naviguent plus, mais gèrent les affaires depuis Charlevoix. Leurs enfants, jeunes et téméraires, sont aux commandes des navires.
Un départ est prévu à la fin juillet sur l’Aigle d’Océan. Le voyage doit durer un mois. Le capitaine Yvan Desgagnés est secondé par ses cousins Marcellin et Zélada, premier maître et chef mécanicien. Six hommes de Saint-Joseph-de-la-Rive et des Éboulements complètent l’équipage.
Le périple est perçu comme une aventure sur une autre planète ! Jamais les marins de Charlevoix ne se sont rendus en contrée si lointaine. Le navire n’étant pas très gros, plusieurs se demandent si les marins reviendront vivants. L’inquiétude se mêle à la fierté.
L’Aigle d’Océan a été loué pour effectuer l’un des itinéraires réguliers de la compagnie Agence Maritime, soit approvisionner six villages du Nord québécois en denrées alimentaires et en produits de consommation courants.
L’échec n’étant pas une option, l’Aigle D’Océan se rend avec succès dans les villages du « Nouveau-Québec ». Comme il n’y a pas de quai dans ces communautés du Nunavik, l’équipage effectue les déchargements à l’aide d’une péniche. Après le dernier débarquement à Great Whales, c’est le retour à la maison.
Rentrés en Charlevoix, les membres d’équipage de l’Aigle d’Océan sont accueillis en héros. Grâce à leur succès, la compagnie familiale prouve qu’elle est apte, elle aussi, à remplir les mandats de ravitaillement du Nord et d’affronter les glaces, les bourguignons, et même les icebergs.
Les voyages dans l’Arctique sont lucratifs et permettent à Transport Desgagnés de faire des bonds de géant. Tour à tour, les cousins Desgagnés se relayeront comme capitaines sur l’Aigle d’Océan alors que d’autres navires sont acquis par la compagnie.