Greenfield et d’autres tâches à accomplir
Interviewer: Amanda Foote pour le musée de la gare Beiseker
Cadreur et monteur : Jarret Twoyoungmen
2020
Beiseker Station Museum
Description : Cette brève vidéo porte sur les tâches permettant à une école de fonctionner, autres que l’enseignement et l’apprentissage, dans les écoles rurales des prairies du sud de l’Alberta. Cette vidéo fait partie d’une exposition sur l’enseignement dans une région qui s’appelle maintenant Beiseker. Cette localité est située dans la province de l’Alberta, au Canada. L’histoire commence à l’école historique de Greenfield.
C’était une école à classe unique ni plus ni moins, avec une grosse fournaise gainée pour réchauffer l’endroit.
Les tableaux noirs, situés en avant de la classe et sur les côtés, étaient comme ceux qu’on trouvait dans toutes les écoles. Et il y avait de la craie et des brosses à tableau. À la fin de la journée, ils faisaient diverses tâches. Il fallait nettoyer les brosses, ce qui n’était pas si mal comme travail parce que ça nous faisait sortir de l’école. Je pense que pour la plupart des enfants, c’était un privilège que d’être choisi pour nettoyer les brosses.
Une fois par année, ils mettaient une bonne couche d’huile sur les planchers de bois. L’huile se saturait dans le bois. On avait un produit appelé Dustbane. Les enfants balayaient les planchers avec ça. Ça permettait de réduire la poussière. Mais de nos jours, toutes ces choses-là seraient dangereuses pour le feu. Elles ne seraient pas acceptables.
Parfois, les garçons plus âgés apportaient du sous-sol de notre école – il y avait un sous-sol complet sous notre école – une chaudière de morceaux de charbon pour les faire brûler dans le poêle. Les garçons s’occupaient de ça pour notre maîtresse d’école. C’était elle qui arrivait à l’école en premier. C’est elle qui allumait le feu, surtout l’hiver.
On balayait les planchers, et quelqu’un d’autre nettoyait les tableaux, puis quelqu’un d’autre balayait et essuyait les pupitres. Ces tâches se faisaient tous les jours après l’école. L’hiver, les garçons plus âgés devaient veiller à ce qu’il y ait toujours du charbon à la disposition de la maîtresse d’école. Pour ce qui est de l’eau, elle était pompée dans la cour, et tout le monde se servait de cette eau. L’eau à boire était placée dans un pot en terre cuite muni d’un petit robinet vers le bas du pot. Nos verres étaient alignés contre le mur. Il y avait un verre par élève. Il y avait une petite table avec une chaudière, une louche et un bassin. On prenait de l’eau avec la louche pour se laver les mains dans le bassin. Il y avait une serviette accrochée à un clou. On s’en servait pour s’essuyer les mains, puis on jetait l’eau dehors.
Dans le temps, on ne se lavait pas les mains très souvent, je ne me souviens plus. Ce n’était pas comme aujourd’hui.
De 1948 à 1952, mon frère et moi avons eu le mandat d’apporter l’eau à l’école parce qu’il n’y avait pas de puits. On prenait un bidon à crème d’une vingtaine de litres et on le remplissait d’eau tous les matins. Mon père nous avait acheté un cheval et un chariot, et c’était notre responsabilité parce qu’on avait l’argent. On traversait le champ avec et on transportait l’eau à l’école.
L’autre personnage important qui venait sans s’annoncer, c’était l’inspecteur d’école. L’inspecteur arrivait, et il avait l’air d’un homme très important. Il portait un habit noir, une cravate et ainsi de suite. On ne voyait pas ça souvent. Il venait inspecter la maîtresse d’école, sans aucun doute, mais on pensait qu’il venait nous inspecter. On promettait donc d’être très sages. Il inspectait nos compétences en lecture et tout, et il ne fallait absolument pas mettre notre maîtresse dans l’embarras ce jour-là.
Notre inspecteur était un personnage très intéressant. Son travail était important. Il fallait qu’il inspecte toutes les écoles de la région. Son travail consistait à évaluer la maîtresse d’école et les enfants, mais aussi à inspecter l’école et les bâtiments, comme les toilettes extérieures, et tout le reste en général. Et son inspection était plutôt subjective à vrai dire.
Quand le surintendant des écoles venait faire sa visite, on prenait un peu de recul parce qu’il était très… en fait, il n’était pas si exigeant que ça, mais il voulait voir comment les maîtres et maîtresses se débrouillaient, et je pense qu’ils avaient peur un peu aussi.
Son apparence physique… il portait des lunettes très, très épaisses et il avait une grosse bosse sur la nuque. Un de ses yeux était paresseux, et quand il pointait en direction d’une personne, son doigt était croche. On ne pouvait donc pas savoir vers qui il pointait, et quand il disait « vous », son doigt pouvait pointer vers la gauche, mais son œil regardait vers la droite. Sa présence n’était pas du tout réconfortante.