École Herbert-Spencer 1912-1953, pendant la classe
Profitez de la vidéo, Herbert Spencer et la classe est en session, avec une transcription
L’école Herbert-Spencer a été construite en 1912, puis elle a fermé ses portes en 1953. Herbert Spencer était un intellectuel britannique (1820-1903). Ses vastes connaissances sur divers sujets lui avaient valu d’être admiré par de nombreuses personnes instruites, dont Charles Darwin. Leah Uffelman se demande si ce choix de nom avait pour but de servir d’aspiration, car les nouveaux commissaires scolaires tenaient à offrir une éducation complète aux enfants, à la manière des Britanniques.
Dans les écoles de campagne, le programme officiel était loin de se limiter à la lecture, à l’écriture et à l’arithmétique. Il mettait aussi l’accent sur un caractère fort et de bonnes mœurs, comme prescrit dans le programme d’études du ministère de l’Éducation de l’Alberta.
De 1921 à 1935, les Cultivateurs unis de l’Alberta ont formé le gouvernement albertain. En 1935, ils ont réformé le programme d’études des écoles en milieu rural. Selon eux, pour former les agriculteurs de demain, il fallait que leur éducation soit mieux enracinée dans le quotidien. Les leçons s’inspiraient davantage d’une discipline extrême et s’appuyaient sur les réalisations morales des héros colonisateurs. Selon les attentes du programme, il fallait que les enfants atteignent un niveau de lecture, d’écriture et d’arithmétique de sixième à huitième année. Il était rare que les enfants des milieux ruraux fassent des études secondaires. Personne ne s’y attendait.
Aussi, les écoles de campagne étaient plus susceptibles d’avoir des enfants qui n’étaient pas de souche anglaise. Tous les nouveaux arrivants étaient obligés d’apprendre la langue anglaise et d’adopter les valeurs protestantes.
« J’admirais beaucoup nos maîtres et maîtresses d’école, non sans raison. Ils évoluaient dans des situations stressantes. Ils n’avaient jamais été en contact avec la langue allemande. Pour les enfants plus âgés qui avaient été élevés en allemand, c’était difficile. Quand c’était à mon tour d’aller à l’école, j’étais pas mal bilingue. On se débrouillait. » Leonard Hagel
Des histoires portant sur « les autres », c’est-à-dire les personnes n’étant pas de souche britannique, faisaient partie des livres de lecture fournis par le gouvernement. Ces histoires étaient truffées de stéréotypes singuliers qui n’étaient pas le reflet de la réalité.
« Children of the Empire, clasp hands across the main,
And glory in your brotherhood again and yet again;
Uphold your noble heritage-oh, never let it fall-
And love the land that bore you, but the Empire best of all. » Edward Shirley
À la base de l’éducation reposait le développement d’un sens de fierté et de loyauté envers le Canada, en n’oubliant pas son patrimoine et ses traditions coloniales. Les élèves devaient mémoriser des poèmes sur les idéaux de la bravoure, de la charité, du dur labeur et de la discipline personnelle. La calligraphie était une compétence prisée, un gage de bonne moralité. De nombreux parents immigrants étaient d’accord avec cette éducation. Ils estimaient que pour le bien de leurs enfants, ils se devaient d’acquérir les valeurs de la culture canadienne. Dans l’ensemble, cette attente était acceptée chez les enfants des colonisateurs.
Dans la région, des forces complexes avaient réussi à amenuiser l’enseignement traditionnel des Pieds-Noirs en faveur d’écoles et de cours de type occidental pour les groupes autochtones. Les manières de faire traditionnelles étaient considérées comme des obstacles à l’assimilation complète de la culture britannique. Les enfants des Pieds-Noirs ont été placés dans des pensionnats, l’objectif étant d’atténuer l’influence autochtone et d’y faire obstacle. On ne s’attendait pas à ce qu’ils fassent de hautes études, mais plutôt à ce qu’ils fassent partie de la main-d’œuvre agricole. Aujourd’hui, les Pieds-Noirs soutiennent que cet enseignement leur a causé beaucoup de tort et qu’il est à la source d’importants dommages intergénérationnels.