Le premier véhicule hybride du Canada (1914–1927)
Alors même que la voiture à essence et la voiture électrique se disputent la domination du marché automobile naissant, certains entrepreneurs du secteur cherchent une solution alternative qui combine la douceur et le silence de la voiture électrique et l’autonomie de la voiture à essence. En 1900, l’ingénieur allemand Ferdinand Porsche met au point la première voiture hybride. Il établit ainsi la norme pour la première génération de ce type de voitures, équipées de générateurs à essence pour alimenter des moteurs électriques qui entraînent les roues. Les voitures hybrides n’ont jamais été très prisées. Bien qu’elles offrent de nombreux avantages sur le papier, elles sont plutôt chères et compliquées, avec tous les défauts et les coûts des voitures à essence et électriques.
L’histoire de la première voiture hybride du Canada commence en 1914, avec l’échec de la Canadian Motors Limited de Galt, en Ontario.
Les personnalités aisées de l’industrie textile de Galt réunissent les fonds nécessaires pour lancer une entreprise automobile en 1911, mais, à la fin de 1913, des problèmes constants de main-d’œuvre, de personnel, de fiabilité et de prix entraînent la faillite de la Canadian Motors Limited. L’usine et les quelques voitures restantes sont rachetées par Moffat St. Clair et Eddy Fleming, deux électriciens locaux qui dirigent une entreprise de générateurs électriques. Ayant en vue la construction d’une voiture hybride, ils vendent dix voitures restantes de la Canadian Motors pour obtenir le capital de départ.
En aout 1914, leur nouvelle société, la Galt Motor Company, dévoile la première voiture « essence-électrique » au Canada, une voiture hybride dans le style de la Porsche. La Galt n’a pas de boîte de vitesses ni de transmission et offre huit vitesses de conduite, avec une vitesse de pointe de près de 50 km/h. Elle a l’autonomie d’une voiture à essence et un mode électrique d’urgence qui lui permet de tirer de ses batteries une charge d’énergie supplémentaire pour couvrir encore 30 kilomètres.
La Galt, construite sur la carrosserie d’une voiture de tourisme de Canadian Motors, est équipée d’un phare cyclopéen inhabituel qui pivote dans la même direction que les roues. Au dire de tous, c’est un véhicule puissant et exotique. Malheureusement, après l’échec de la Canadian Motors, les citoyens de Galt en ont assez de la production automobile. Fleming et St. Clair ne trouvent plus aucun soutien local et n’ont que peu d’argent pour la publicité. Ils ne construisent finalement que deux Galt, mais l’une des voitures est sérieusement endommagée dans un accident et leur est ramenée. La deuxième Galt est beaucoup utilisée, mais uniquement comme générateur de secours pour le cinéma muet local.
Fleming et St. Clair continuent leurs activités dans le domaine des générateurs, mais abandonnent largement le projet de la voiture. St. Clair continue à la bricoler. En 1927, il fait plusieurs tournées à New York et Chicago dans une version modernisée du véhicule, mais celle-ci ne suscite pas un grand intérêt.
La Galt a eu peu d’influence sur l’industrie automobile canadienne, mais elle est l’une des dernières tentatives engagées par des inventeurs canadiens pour développer leurs propres véhicules à énergie alternative et concurrencer la domination de la voiture à essence.