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Le régiment de Watteville

Lithographie en couleur d’un soldat en uniforme du régiment de Watteville en 1815. Il porte un chapeau noir shako orné d’un plumet rouge et blanc, une veste rouge, un pantalon gris et un mousquet sur l’épaule.

Soldat du régiment suisse de Watteville. Lithographie. Knotel. 1815.

 

Les 99 Lituaniens qui combattent durant la guerre de 1812 sont membres du régiment suisse de Watteville. Cette unité formée au début du 19e siècle a pour but pour protéger l’indépendance de la Suisse. Toutefois, lorsque l’économie du pays s’améliore, le service militaire cesse d’être le premier choix de carrière pour de nombreux hommes.

 

En raison du manque de soldats, le régiment doit accueillir des recrues des pays environnants. Beaucoup de ces nouveaux soldats ont abandonné l’armée de Napoléon après sa déroute en Sicile. D’autres viennent de Malte, de Gibraltar et de Cadix, où est basé le régiment de Watteville de 1802 à 1810.

Plusieurs recrues viennent de postes régimentaires de l’armée britannique à l’étranger. En 1813, quelque 56 000 prisonniers de guerre sont tenus captifs dans des camps et sur des bateaux-prisons, ce qui coûte cher au gouvernement britannique, qui a déjà du mal à recruter.

 

Peinture panoramique représentant des bateaux-prisons ancrés au port de Portsmouth.

Il est probable que plusieurs soldats étrangers étaient retenus à bord de ces bateaux comme prisonniers de guerre. Peinture. Daniel Turner, Ambrose-Louis Garneray, vers 1812-1814. National Maritime Museum, Greenwich, Londres, Collection Caird.

 

Le gouvernement britannique, toujours pragmatique, décide de faire d’une pierre deux coups. Pourquoi ne pas encourager les prisonniers à entrer dans l’armée britannique? Les Lituaniens du Grand-Duché comptent parmi ceux qui changent de camp. Une fois qu’ils se sont engagés, le poste régimentaire les intègre au régiment de Watteville. L’une de ces recrues est Andreas Korgto, un jeune homme que nous rencontrerons plusieurs fois, puisque son journal intime fictif fait partie de cette exposition.

 

Trois casernes sont situées au fond d’une place entourée de murs. Sur la place, plusieurs militaires font cuire leur pain dans des fours extérieurs.

Prisoners baking their own bread, Norman Cross Prisoner of War camp (Des prisonniers font cuire leur pain, camp de prisonniers de guerre Norman Cross, guerre péninsulaire). Aquarelle provenant d’un carnet à dessin. Artiste : capitaine Durrant. 1802-1813. Hampshire Cultural Trust, FA 1990.23.87.

 

La diversité culturelle et linguistique du régiment de Watteville est remarquable. En 1810, les recrues y sont d’origine flamande, française, grecque, hongroise, italienne, polonaise, russe et suisse. Son commandant, le colonel Louis de Watteville, reconnaît qu’une telle variété de langues risque de semer une confusion désastreuse sur le champ de bataille.

Le colonel de Watteville crée donc une école où ses hommes apprendront les bases de l’anglais, langue de l’armée britannique. Les classes sont aussi offertes aux enfants qui accompagnent le régiment. L’école ouvre ses portes le 25 janvier 1811.

Grâce à cette formation et à l’expérience des soldats au sein des armées de Napoléon, le régiment acquiert une réputation de compétence. Raison pour laquelle, à la fin des guerres napoléoniennes, le régiment est envoyé en Amérique du Nord pour participer à une autre guerre.