Le régiment de Watteville à Rivière-Rouge
La Compagnie de la Baie d’Hudson, un acteur majeur dans la traite des fourrures, possède de vastes étendues de terres dans une région appelée Manitoba. En 1812, la compagnie transfère la plupart de ces terres à Thomas Douglas, le comte de Selkirk. C’est de lui que vient l’idée de fonder une colonie agricole au Manitoba. Il a déjà tenté de coloniser la région en attirant des Écossais démunis chassés de leurs fermes par leurs riches seigneurs.
La Northwest Company s’occupe elle aussi de la traite de fourrures dans les territoires non colonisés. Violences, incendies, voire meurtres résultent souvent de sa rivalité avec la Compagnie de la Baie d’Hudson. La compagnie s’oppose aux colonies, qui nuiraient aux affaires.
À la dissolution du régiment de Watteville, Selkirk cherche des hommes armés qui pourraient protéger les colons. Le comte et sa femme ont rencontré des soldats des régiments de Watteville et de Meuron à Montréal, où les hommes attendaient des transports vers chez eux. Ils embauchent donc une cinquantaine de vétérans. Même si la plupart sont du régiment de Watteville, le groupe est connu sous le nom de « de Meuron ». Selkirk souhaite surtout voir ses terres aller aux soldats qu’il appelle les « Polonais », car il estime qu’ils feront d’excellents fermiers. Il les attire en leur offrant de plus vastes étendues de terres que celles qu’on leur a offertes auparavant à Perth ou à Saint-Francis.
Grâce à leurs compétences militaires, les soldats de Watteville capturent le poste de traite de la Northwest Company au fort William. Ils l’occupent brièvement avant de pousser vers l’ouest.
Andreas Korgto fait partie des « de Meuron ». Célibataire, il reste dans la colonie de la Rivière-Rouge au moins jusqu’en 1818, et il semble être le seul Lituanien du Grand-Duché à vivre encore au Canada après la fin de la guerre de 1812.
La colonie de la Rivière-Rouge occupe une place importante dans l’histoire des traités canadiens. En 1817, Selkirk et cinq chefs et guerriers de la nation Chippeaway ou Sautaux et de la Nation Killistine ou Cri, signent un traité reconnaissant l’utilisation des terres par la colonie. Selkirk remet chaque année 100 livres de tabac de bonne qualité marchande à ces Nations en échange de l’utilisation des terres.
Ce traité est le premier signé dans l’ouest du Canada à reconnaître les droits territoriaux de peuples autochtones.