L’extraordinaire journal intime d’Andreas Korgto
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[L’écran est noir. Un titre « Musée-archives lituanien du Canada» apparaît graduellement puis disparaît. Une chandelle allumée apparaît puis s’éteint. Un parchemin apparaît à l’écran, avec le titre «L’extraordinaire journal intime d’Andreas Korgto». Un narrateur, qui donne voix au soldat Andreas Korgto, prend la parole.]
Je m’appelle Andreas Korgto. J’ai 20 ans et je mesure 162 cm. J’ai les cheveux et les yeux bruns.
[Une carte montre une partie du Grand-Duché de Lituanie. La carte se déplace jusqu’à l’apparition d’un point rouge, qui indique le village de Skrebinai. Andreas Korgto reprend.]
Je suis né à Skrebėnai, Jonava, dans le Grand-Duché de Lituanie. Je suis actuellement en prison. Le gardien m’a donné du papier. Je vais donc raconter mon histoire dans ce journal intime.
[Une carte de la Pologne, du Grand-Duché de Lituanie et de la Russie apparaît. Le Grand-Duché disparaît peu à peu, à mesure que la Pologne et la Russie élargissent leurs territoires. Andreas Korgto reprend.]
La Lituanie est un ancien pays, dont les frontières ont beaucoup changé au fil des années. Quand j’étais petit, le Commonwealth de la Pologne et le Grand-Duché de Lituanie ont été absorbés par la Prusse et la Russie, et mon pays a disparu.
[Une carte de l’Europe apparaît et montre entre autres le Royaume de Prusse, le Grand-Duché de Varsovie et l’Empire d’Autriche. Andreas Korgto reprend.]
Partout en Europe, des pays essayaient de s’emparer de territoires pour étendre leurs empires. La France, la Grande-Bretagne et la Russie étaient puissantes. Les petits pays, comme l’Autriche, la Suisse, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, devaient s’allier avec les grands pays, sinon ils risquaient de voir des armées envahir leur territoire.
[Une image montre le camp de Napoléon sur le bord d’une rivière. Andreas Korgto reprend.]
En 1807, l’empereur de la France, Napoléon, a signé le Traité de Tilsit pour établir la paix avec la Russie. C’était à Tilzė, sur la rivière Neiman. Les citoyens du Grand-Duché étaient ravis. Napoléon avait promis de nous laisser nous gouverner et rétablir un pays autonome.
[Plusieurs images de soldats qui se sont engagés dans l’armée de Napoléon et un soldat en uniforme complet apparaissent tour à tour. Andreas Korgto reprend.]
À sa demande, plusieurs Lituaniens se sont engagés dans ses armées pour soutenir sa cause. J’étais parmi eux.
Je suis entré dans la légion Vistula. Nous nous sommes battus pour Napoléon en Italie et en Espagne. Nous avons remporté plusieurs batailles et en avons perdu quelques-unes,
[Une image montre des soldats à cheval.]
mais Napoléon ne nous a jamais accordé l’indépendance qu’il nous avait promise. Nous étions désabusés, et plusieurs d’entre nous ont déserté au profit de ses adversaires. Je n’étais pas l’un des déserteurs; je suis resté avec la légion Vistula. Malgré le grand nombre de batailles que nous avons gagnées, plusieurs soldats, comme moi, ont été capturés par les Britanniques en Espagne et en Italie.
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 10 août 1810, Portsmouth, Angleterre ». Andreas Korgto reprend.]
Le 10 août 1810. Portsmouth, Angleterre
[L’image montre un ancien cuirassé entouré de soldats à bord de petites embarcations.]
Notre prison est un ancien navire, comme beaucoup d’autres dans le port anglais de Portsmouth.
[Une image montre des prisonniers dans le ponton d’un vieux navire, surveillés par un garde.]
Nous menons une existence misérable dans une épave sombre, humide et sale. Il fait froid en hiver, et il n’y a jamais assez de quoi manger. Parfois les gardiens sont raisonnables, mais la plupart du temps, ils sont cruels.
[Une image en couleur montre des militaires britanniques en uniformes rouges.]
Le bruit court qu’il est possible de sortir de cette sale prison. Les Anglais cherchent des hommes pour se battre dans leur armée. Le recruteur qui représente les régiments étrangers sera ici demain. Je pense déjà m’inscrire. Après tout, je n’ai rien à perdre.
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 11 août 1810 ». Andreas Korgto reprend.]
Le 11 août 1810.
[Une image en couleur montre des soldats britanniques en grande tenue.]
Le recruteur est passé et m’a offert un poste dans le régiment de Watteville. Il nous a promis de la nourriture et des vêtements adéquats. Il y a même une école régimentaire où les analphabètes pourront apprendre à lire et à écrire. Après sept ans de service, je pourrais rentrer chez moi, si je veux. Tout ce que je dois faire, c’est me battre, et c’est tout ce que j’ai fait de ma vie adulte. Nous allons d’abord en Sicile, où il fait chaud!
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 6 avril 1810, Espagne ». Andreas Korgto reprend.]
Le 6 avril 1813. Espagne.
[Une carte montre l’océan Atlantique et plusieurs routes transatlantiques. Un navire traverse la carte, de l’Europe au Canada.]
Il y a presque trois ans que je fais partie du régiment de Watteville. Nous avons livré de nombreuses batailles en Italie et en Espagne, mais nos sept années ne sont pas terminées, et nous ne rentrerons pas encore chez nous. Nous avons plutôt été mis sur un navire à Cadix, puis avons mis le cap sur le Canada. Il y a une autre guerre là-bas, entre l’Angleterre et les États-Unis. Notre régiment a bonne réputation. Nous nous sommes bien battus contre Napoléon en Espagne lors du conflit que les Anglais appellent la « guerre péninsulaire ». Mais maintenant, Napoléon est en train de perdre, et nous serons plus utiles en Amérique du Nord.
[L’image montre un portrait de Louis de Watteville.]
Durant notre voyage, je vais écrire sur mon régiment. Il est la propriété d’un Suisse, un homme riche appelé Louis de Watteville. Nous sommes donc connus sous le nom de « Régiment de Watteville ».
[L’image montre des soldats en uniforme britannique rouge.]
Les officiers sont suisses, eux aussi, mais les soldats ordinaires viennent de partout en Europe : Italie, France, Russie, Allemagne, Pologne et le Grand-Duché. Le régiment est sous contrat avec les Anglais, car ils manquent de soldats pour se battre à la fois contre Napoléon et contre les Américains.
[L’image montre deux soldats du régiment de Watteville.]
Nous sommes beaucoup de Lituaniens ici. Certains étaient prisonniers, d’autres ont déserté Napoléon pour se joindre aux Anglais. Mais peu importe pour les officiers : ils nous traitent tous de la même façon.
[L’image montre des soldats britanniques et américains sur le pont d’un navire américain.]
Les Américains ont déclaré la guerre à l’Angleterre parce qu’elle a bloqué les ports français, ce qui empêche les navires américains d’y faire le commerce de leurs marchandises.
[L’image montre des prisonniers américains qui sont transférés à un navire britannique sous le regard de leurs gardes.]
Même si l’Angleterre a perdu la Révolution américaine, les Anglais arrêtent encore les navires américains dans les eaux internationales et enlèvent les marins qui auraient déserté la marine britannique.
[L’image montre la rencontre d’un messager autochtone avec des soldats britanniques à l’intérieur d’un édifice.]
Les Américains veulent coloniser l’Ouest, où ils veulent arrêter les Anglais, qui fournissent des armes aux tribus indiennes.
[Une carte du Canada montre le lac Érié, le lac Ontario et les autres Grands Lacs, et souligne l’immensité du Canada.]
J’ai consulté une carte. Le Canada est énorme. Comment défendre ce territoire? Il y a très peu de routes. Peut-être remonterons-nous le fleuve Saint-Laurent jusqu’au lac Ontario?
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 7 juin 1810, Ville de Québec». Andreas Korgto reprend.]
Le 7 juin 1813. Québec, Bas-Canada
[L’image montre Québec, qui domine des navires sur le Saint-Laurent.]
D’habitude, je ne suis pas chanceux, mais aujourd’hui, c’est différent. Nous sommes arrivés à Québec. La traversée était relativement calme, et nous avons vite surmonté le mal de mer.
[Une image en couleur montre le port de Halifax, avec des voiliers, des navires et des canots.]
Nous nous sommes arrêtés à Halifax d’abord, mais seulement pour une semaine, puis nous avons de nouveau levé l’ancre.
[Une image en couleur montre un ciel orageux à l’horizon.]
Cette fois, nous avons dû affronter la tempête. Nous avons perdu de vue les autres navires, mais nous avons tous fini par arriver à Québec sains et saufs.
[L’image montre une carte de Kingston avec ses fortifications.]
Pas le temps de nous amuser, par contre. Nous nous rendons à Kingston, dans le Haut-Canada, où nous construirons des fortifications sur la pointe Henry.
[Une peinture en couleur montre les rapides du Saint-Laurent et ses rives boisées.]
Le fleuve Saint-Laurent est plein de rapides. Les officiers comptent naviguer le plus loin possible, mais nous allons tout de même marcher 290 km. J’ai l’impression que nous passons tout notre temps à naviguer ou à marcher…
[Une carte aérienne montre la progression des soldats de Montréal à Kingston (sous forme d’empreintes de pas). Andreas Korgto reprend.]
Le 5 octobre 1813. Kingston, Haut-Canada.
Les nouvelles sont horribles! Mes amis Michael Paulus et Michael Dabusevicius ont été capturés par les Américains.
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 5 octobre 1813, Kingston ».]
Ils faisaient partie des régiments de flanc envoyés à York pour combattre les Américains, qui préparaient une autre invasion. Une fois rendus à York, ils ont appris que l’information avait changé.
[Un dessin en couleur montre la ville de York, où se dirige un bateau. Un navire est accosté.]
Les soldats américains se réunissaient à Sackets Harbor, de l’autre côté du lac Ontario, face à Kingston, où nous sommes.
[Une carte du lac Ontario montre Sacket’s Harbour sur le côté américain et Kingston sur le côté britannique.]
Les compagnies de flanc ont donc été renvoyées immédiatement à bord de petits bateaux. Les navires d’escorte censés les protéger ne sont pas arrivés à temps, et les Américains ont capturé tous les vaisseaux de transport, sauf un. Seulement 44 hommes se sont échappés.
[Un dessin montre les navires américains engageant les navires de transport.]
Apparemment, les captifs ont été conduits à une prison de Pittsfield, au Massachusetts.
Pour nous, c’est une mauvaise nouvelle, car ces compagnies avaient les meilleurs soldats du régiment. Leurs hommes de grande taille menaient nos assauts, et leurs hommes rapides, de petite taille, nous servaient d’éclaireurs.
[Une image montre le document provenant de la prison, au Massachusetts.]
Ils vont reconstituer ces compagnies, et j’essaierai peut-être d’en faire partie.
[Une image en couleur montre des soldats britanniques qui se préparent à tirer.]
Le 8 mai 1814. Kingston, Haut-Canada.
[(Première image) Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 8 mai 1814, Kingston ».
(Deuxième image) L’image montre la ville de Kingston et ses fortifications. Andreas Korgto reprend.]
Beaucoup de choses sont arrivées depuis la dernière fois que j’ai écrit dans ce journal. Adam Sacolsky est mort, et six des soldats du Grand-Duché ont déserté. Ils sont probablement allés aux États-Unis; c’est tout près de nous, ici, à Kingston.
[L’image montre la construction du fort Henri.]
Nous travaillons au fort de la pointe Henry. Le travail est dur et ennuyeux, mais nous serons plus en sécurité quand il sera terminé.
Je n’arrive pas à dormir ce soir : nous venons de remporter la plus brève de nos batailles.
[L’image montre des soldats britanniques qui traversent le lac Ontario en bateau pour attaquer les Américains à Oswego.]
Il y a cinq jours, nous nous sommes embarqués pour traverser le lac et attaquer le fort américain d’Oswego, à New York. Oswego est proche de Kingston, mais il a fallu plus d’une journée pour s’y rendre, car les vents étaient contre nous. Ensuite, le soir du 5 mai, nous nous sommes longuement préparés au combat. Nous pouvions voir les Américains empaqueter rapidement leur équipement pour échapper à la capture.
[L’image montre des navires britanniques qui attaquent le fort.]
Une tempête s’est déclarée et nous a encore écartés de la côte. La marine nous a permis d’approcher à environ midi le lendemain. Puis nous avons pris de petites embarcations pour nous approcher de la colline où était le fort. Nous avons dû débarquer, puis atteindre le bord à pied, de l’eau jusqu’à la taille. La poudre à canon s’est mouillée. Par conséquent, quelques-uns de nos mousquets n’ont pas fonctionné. Mais peu importe, le colonel Fischer a mené la charge, et en 15 minutes, tout était fini.
[Une image montre l’évacuation d’un soldat blessé au combat vers un bateau.]
Nous avions gagné! Nous avons perdu quelques hommes. Mon ami Gottfried Hillert a été blessé, et même s’il a été ramené au bateau, il n’a pas survécu. Il aurait été si fier de notre victoire.
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 14 août 1814, près du Fort Érié ». Andreas Korgto reprend.]
Le 14 août 1814. Près du fort Érié, Haut-Canada.
Trois mois se sont écoulés depuis la dernière fois que j’ai écrit dans ce journal. Demain, nous prendrons part à une bataille importante.
[L’image montre l’entrée du fort Érié.]
Notre camp est dans la forêt, près du fort Érié, à proximité du lac Érié et de la rivière Niagara, dans le Haut-Canada. Il y a un mois, les Américains ont capturé le fort, et nous devons le reprendre. Nous patientons au campement depuis plusieurs jours, en attendant que les Américains sortent pour livrer bataille.
[L’image montre le camp britannique établi dans la forêt, à l’extérieur du fort Érié.]
Les conditions de vie à l’extérieur du fort sont déplorables; il a plu tout l’été, et beaucoup d’entre nous sont malades. Les Anglais se plaignent beaucoup; ils ne sont pas très doués pour la vie de camp. Mais nous, les Lituaniens, nous nous en tirons bien. Nous cueillons des herbes dans la forêt, et nous en faisons de la soupe avec le peu de nourriture que les Anglais nous donnent.
[L’image montre les conditions de vie dans le camp à l’extérieur du Fort Érié, dans l’obscurité.]
Les Américains nous ont déjà attaqués plusieurs fois. Anton Kassidka, un citoyen du Grand-Duché, a été tué. Mais nous avons pu positionner nos canons dans la forêt et les utiliser pour cantonner les Américains dans leur fort jusqu’à ce que nous soyons prêts. Maintenant, toutefois, l’heure est venue de reprendre le fort.
[(Première image) Une image en couleur montre des soldats britanniques qui tirent au fusil et au canon.
(Deuxième image) Une image en couleur montre le Lieutenant-général britannique Drummond.]
Le bruit court dans le camp que le lieutenant-général Drummond, commandant anglais, ne nous fait pas confiance. Bon nombre de soldats en ont eu assez et ont déserté pour se joindre aux Américains. Mes amis Jacob, Mathias et Anton ont disparu de cette façon. Drummond ne nous fait pas confiance du tout, et il nous a dit que nous ne pouvons pas avoir de silex pour nos mousquets. Il craint que nous ouvrions le feu en cours d’approche, et que nous gâchions l’effet de surprise.
[Une image en noir et blanc montre des soldats qui tirent au canon lors d’un combat.]
Il insiste pour que nous attaquions les Américains à l’aide de nos seules baïonnettes. Nous, les soldats du régiment de Watteville, sommes de fiers guerriers et bien meilleurs soldats que ne le pense Drummond. Quand notre colonel, Viktor Fischer, nous a demandé de participer à une mission tellement dangereuse qu’on appelle les volontaires « Enfants perdus », nous avons été si nombreux à nous porter volontaires qu’il a eu l’embarras du choix.
[Une image en noir et blanc montre le tracé du fort et le plan d’attaque pour grimper la colline escarpée.]
Les volontaires dans cette mission suicide se rendront sur le côté riverain du fort et grimperont la colline pour attaquer les Américains, qui seront au sommet. Avec le reste du régiment, le colonel Fischer mènera l’attaque du côté sud du fort. Pour franchir les murs, on nous a donné des échelles.
[Une image en couleur montre des soldats britanniques au combat, à la tombée de la nuit.]
Il fait nuit, presque deux heures du matin. C’est l’heure d’y aller…
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 15 août 1814, à l’extérieur du Fort Érié ». Andreas Korgto reprend.]
Le 15 août 1814. À l’extérieur du fort Érié.
[Une image en couleur montre le fort Érié qui essuie une attaque dans un nuage de fumée orangée à cause du feu.]
La bataille est terminée, et nous sommes de retour dans la forêt. Nous avons perdu tant d’hommes,
[Une image en couleur montre des soldats britanniques tombés au fort Érié]
des Lituaniens, mais aussi des Britanniques. Les Américains savaient que nous arrivions; ils nous attendaient.
[Une image en couleur montre des soldats britanniques qui escaladent les murs du fort Érié à l’aide d’échelles.]
Les échelles étaient trop courtes, et il nous était presque impossible d’attaquer le flanc sud. Nous avons chargé cinq fois sans succès,
[Une image en couleur montre l’affrontement de soldats américains et britanniques sur le côté riverain du Fort.]
donc le colonel Fischer nous a menés vers la rivière, et nous avons rejoint les Enfants perdus. Dans l’obscurité, certains de nos hommes ont été emportés par la rivière. Sept amis du Grand-Duché sont portés disparus, et l’on soupçonne qu’ils ont été faits prisonniers. Et les deux Michaels, qui avaient été capturés par les compagnies de flanc, ont été capturés de nouveau.
[L’image montre un portrait de Drummond.]
Et malgré tout ça, Drummond jette le blâme sur nous! Il devrait réexaminer son plan d’attaque : c’est lui qui nous a mis en danger.
[Une image en couleur montre des soldats britanniques près des murs du fort Érié]
Les Américains sont toujours en possession du fort; nous sommes à court de provisions. On dit que Drummond va abandonner et amorcer la retraite. Le plus tôt sera le mieux.
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 18 septembre 1814, encore à l’extérieur du Fort Érié ». Andreas Korgto reprend.]
Le 18 septembre 1814. Encore à l’extérieur du fort Érié.
[Un dessin montre des soldats britanniques qui mangent dans un camp établi dans un boisé, à l’extérieur du fort.]
Nous sommes toujours dans la forêt. Nous sommes prêts à nous rendre au fort George pour y passer l’hiver, mais les charrettes qui doivent transporter notre équipement ne sont pas encore arrivées.
[Une photo en couleur montre des soldats britanniques qui marchent au pays.]
La journée d’hier a été terrible. Nous, les soldats de Watteville, étions en train de surveiller le camp à la pluie battante.
[Une photo en couleur montre des soldats britanniques qui tirent au fusil pour repousser l’attaque américaine.]
Soudain, sans que nous les ayons vus arriver, les Américains nous ont attaqués. Le combat était difficile; ils étaient si forts. Joseph Mantel a été tué, et une balle de mousquet a atteint Thomas Rosseck à la jambe. Neuf autres citoyens du Grand-Duché, y compris Adam Madiosaidis, ont été faits prisonniers. Mais les Anglais sont venus nous aider, et les Américains ont été repoussés vers le fort. Heureusement, nous partirons dans quelques jours.
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 1er janvier 1815, Fort George », Andreas Korgto reprend.]
Le 1er janvier 1815. Fort George, Niagara-on-the-Lake, Haut-Canada.
[L’image montre une carte en noir et blanc du fort George, à Niagara-on-the-Lake.]
Nous sommes arrivés au fort George.
[(Première image) Une photo en couleur montre un bâtiment où les soldats passeront l’hiver, à l’intérieur du fort George.
(Deuxième image) Une photo en couleur montre un feu dans l’âtre. Des ustensiles de cuisson sont accrochés tout autour.]
L’hiver canadien est horriblement froid et neigeux. Nous restons près du feu pour nous tenir au chaud, et nous ne sortons que pour aller chercher du bois, quand nous arrivons à en trouver.
[Un dessin montre des notables en train de négocier la fin de la guerre dans une grande salle éclairée par des lustres.]
Mais on raconte que la paix a été négociée et que la guerre prendra bientôt fin. Je me bats depuis si longtemps. Que puis-je faire d’autre? La seule vie que je connais est celle d’un soldat.
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 15 juin 1815, Kingston ». Andreas Korgto reprend.]
Le 15 juin 1816. Kingston, Haut-Canada.
[Une peinture colorée représente une colonie établie en bordure d’une rivière dans un paysage verdoyant avec des montagnes à l’arrière.]
Je n’ai pas écrit dans ce journal depuis longtemps, et beaucoup d’événements se sont produits. La guerre est finalement terminée. Nous sommes d’abord allés à Sorel, près de Montréal. Nous y avons attendu le retour de nos amis qui avaient été faits prisonniers. Puis nous avons marché jusqu’à Kingston.
[Une photo en couleur montre des soldats britanniques à la parade.]
Le régiment a été démantelé ici, au Canada. En date d’aujourd’hui, je ne suis plus un soldat britannique, mais j’ai survécu à toutes les batailles, et je suis libre. À présent, je dois faire un choix. Les Britanniques m’enverront en Lituanie si je le veux. Mais je n’y suis pas retourné depuis l’adolescence. Pourquoi y aller maintenant? Mes amis sont tous ici, dans l’armée.
[(Première image) Une coupure de presse annonce la libération imminente des soldats du service militaire.
(Deuxième image) Un article de journal annonce l’offre gratuite de concessions de 100 acres aux soldats..]
Les Britanniques m’ont offert 100 acres de terres gratuites que je pourrais cultiver ici au Canada.
[Une photo en couleur montre une scène hivernale densément couverte d’arbres et d’arbustes.]
Elles sont couvertes d’arbres que je devrais abattre, puis je devrais cultiver la terre. Je ne suis pas agriculteur! Je veux vivre des aventures, pas regarder pousser le blé.
[L’image montre un portrait de Lord Selkirk.]
Un jour, en route pour Montréal, nous avions rencontré un Écossais du nom de Lord Selkirk.
[Un dessin en couleur montre un groupe de colons grossièrement vêtus débarquant sur la rive de la rivière Rouge. Le chef, en uniforme militaire rouge, lit un document aux colons et à deux Indiens.]
Il tente d’établir une colonie dans l’Ouest, mais ses gens se font attaquer par les commerçants de fourrures de la Compagnie du Nord-Ouest qui font concurrence à la Compagnie de la Baie d’Hudson.
[Une aquarelle montre une fusillade entre colons et commerçants de fourrure.]
Certains se font tuer. Il veut nous faire capturer le poste de traite de la Compagnie du Nord-Ouest au fort William pour décourager les attaques des commerçants. Ensuite, nous pourrons accompagner les colons vers l’Ouest et obtenir de meilleures terres. Voilà une aventure qui me paraît en valoir la peine!
[Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 23 juillet 1821, Colonie de la Rivière-Rouge ». Andreas Korgto reprend.]
Le 23 juillet 1821. Colonie de la Rivière-Rouge.
[Un croquis en noir et blanc montre une colonie entourée d’une haute clôture de bois.]
Beaucoup de temps s’est écoulé. Depuis maintenant cinq ans, nous, les soldats de Watteville, et d’anciens soldats du régiment de Meuron sommes ici, dans l’Ouest du Canada, dans la Colonie de la Rivière-Rouge.
[Un croquis en noir et blanc montre quelques cabanes de colons sur un terrain défriché dans la forêt.]
J’aimerais affirmer que l’aventure a été positive, mais ce serait faux. Regarder pousser le blé ici est aussi ennuyeux que je l’envisageais à Kingston.
[Une peinture représente le fort William et une colonie en bordure d’une rivière.]
Nous avons bel et bien capturé le fort William, mais les tribunaux nous ont forcés à le rendre.
[Un croquis en noir et blanc montre des colons et des commerçants : une femme, deux hommes, deux enfants et un chien près d’un foyer.]
Les colons que nous protégeons ne nous aiment pas. Ils disent que nous buvons trop et que nous sommes tapageurs. C’est possible, mais il faut bien se divertir d’une façon ou d’une autre!
[Une image en noir et blanc montre la marque d’un animal, que le chef autochtone Peguis utilise comme signature sur un document.]
Et puis c’est dangereux ici. Nous avons rencontré le célèbre chef indien Peguis, et Lord Selkirk a signé un traité avec les tribus qui habitent dans la région. Mais nous avons peur des Indiens, ainsi que des commerçants de fourrure.
[Une peinture montre une maison de ferme et un bœuf qui tire un char le long d’un chemin boueux à travers des champs plats.]
Les Suisses et les de Meuron sont déjà partis vers le sud, en direction du territoire du Minnesota, aux États-Unis, où il y a peut-être moins de danger.
[(Première image) Le parchemin apparaît avec l’inscription « Le 24 juin 1826, Colonie de la Rivière-Rouge ».
(Deuxième image) Un dessin en noir et blanc montre des maisons submergées par les eaux de la rivière, sur lesquels on voit des canots. Andreas Korgto reprend.]
Le 24 juin 1826. Colonie de la Rivière-Rouge.
C’est la dernière fois que j’écris dans mon journal canadien.
Ce printemps, il y a eu une grave inondation, la plus sévère de l’histoire de cette région. Les eaux ont emporté ma ferme. Mes vaches, mes cochons et mes chevaux, ils ont tous disparu. La colonie entière est submergée. Ce n’est pas la première fois que la rivière Rouge déborde, et ce ne sera pas la dernière.
[Une peinture colorée montre un homme marchant à côté d’une charrette tirée par d’un bœuf avec deux passagers, labourant un champ sous le regard d’un couple indigène.]
Voilà pourquoi, comme plusieurs de mes amis, je compte partir pour le territoire du Minnesota et y refaire ma vie.
[(Première image) Une première image montre un portrait de Napoléon.
(Deuxième image) Une deuxième image montre des prisonniers qui quittent un bateau-prison à bord de chaloupes.
(Troisième image) Une troisième image montre des navires qui s’approchent de la côte.
(Quatrième image) Une quatrième image montre un portrait de Lord Selkirk.
(Cinquième image) Une cinquième image montre un portrait du chef Peguis.]
J’ai vécu une époque intéressante… Je me suis d’abord battu pour Napoléon et j’ai été capturé, je me suis échappé d’un bateau-prison et me suis battu pour les Anglais, j’ai pris un bateau pour le Canada, où je me suis battu, j’ai rencontré Lord Selkirk et Peguis, et maintenant je recommence à zéro.
[L’écran change et montre des épis de blé qui ondulent au vent.]
Qui sait? Peut-être est-il passionnant de regarder pousser le blé au Minnesota?
[Générique:
L’extraordinaire journal intime d’Andreas Korgto
Créé par
Peg Perry
Musée-archives lituanien du Canada
Animation et graphiques
Abbi Claire
Narrateur
Y.G. Bertrand
Images, bande sonore et vidéo
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