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La guerre de 1812

Alors que la guerre en Europe tire à sa fin, le régiment de Watteville est expédié sans tarder vers l’Amérique du Nord pour y prêter main-forte aux soldats britanniques. Mais quel contraste avec l’Europe! Les forêts vierges et les terrains accidentés mettent l’entraînement des soldats à l’épreuve. Plutôt que des petites villes et des terres cultivées, ils découvrent un pays presque inhabité. Des sentiers boueux et des chemins de rondins relient les villages. Les colons habitent en bordure de lacs et de rivières, qui servent au transport et fournissent l’eau potable.

 

Un orignal ou un caribou traverse la rivière en aval des rapides du Saint-Laurent. Les bords du fleuve sont couverts de forêts.

Aquarelle au pinceau, encre noire, grattoir sur traits de crayon sur papier vélin. Artiste : Philip John Bainbrigge, 1817-1881. Bibliothèque et Archives Canada, no 1983-47-45R.

 

Pendant qu’ils traversent les régions sauvages vers leur nouveau poste, Andreas Korgto et les autres Lituaniens songent peut-être à ce qui les a menés jusqu’ici. La Grande-Bretagne, qui est en guerre contre l’empereur français, Napoléon Bonaparte, bloque les ports français pour perturber le commerce. Pour les États-Unis, ce blocus est dévastateur, car le pays dépend du soutien politique de la France et du marché qu’elle représente pour ses exportations. La Marine britannique intercepte les navires américains dans les eaux internationales et arrête les soldats américains comme déserteurs britanniques. De plus, les Britanniques bloquent l’avancée des Américains, qui cherchent à étendre leur territoire vers l’ouest. Les Canadas représentent une cible attrayante à conquérir.

Les tensions éclatent en 1812, quand les États-Unis déclarent la guerre au Royaume-Uni. Dans ce conflit, le Haut et le Bas-Canada deviennent à la fois des cibles et des champs de bataille. L’armée américaine menace les Autochtones alliés des Britanniques, les colonies éparpillées et le centre commercial que représente Montréal.

 

Placard destiné à la province du Haut-Canada et annonçant le début de la guerre. Le papier, dont trois coins sont déchirés, est brun et piqué.

Placard destiné à la province du Haut-Canada et annonçant le début de la guerre. Proclamation de Sir Isaac Brock le 6 juillet 1812. Archives numériques de la Bibliothèque publique de Toronto

 

Pas plus de 1 600 soldats britanniques actifs et quelques unités de milice doivent résister aux Américains. L’arrivée de nouveaux soldats est désespérément nécessaire pour défendre les territoires britanniques dans le Haut et le Bas-Canada.

Je suis d’avis que dans les quatre semaines suivant une déclaration de guerre à notre frontière, l’ensemble du Haut-Canada et une partie du Bas-Canada seront soumis à notre autorité.

Le représentant John C. Calhoun, Congrès des États-Unis, 1812

Le régiment de Watteville fait partie des renforts. L’un des soldats de ce régiment s’appelle Andreas Korgto. On le décrit comme un homme aux cheveux bruns et au teint frais. Il s’est engagé comme soldat en août 1810 depuis un bateau-prison amarré au port de Southampton. Selon son dossier de recrutement, il est né à Skrebinai, dans le comté de Jonava.
Comme dans toute autre guerre, le sens du devoir et de l’aventure pousse beaucoup de soldats à s’engager. Pour Andreas Korgto et d’autres Lituaniens du Grand-Duché, toutefois, la décision est d’ordre pratique : la vie de soldat est préférable à la misère d’un bateau-prison.

 

Carte ancienne du Canada couleur sépia qui montre des cantons, des villages autochtones et l’état des terres (boisées ou non arpentées.)

« Aux officiers de l’armée et aux citoyens des États-Unis : Cette carte du Haut-Canada et du Bas-Canada et des États-Unis adjacents ». Thomas Kensett (1786-1829). Digitus – Online Exhibitions from the Thomas Fisher Rare Book Library (Expositions en ligne de la bibliothèque de livres rares par Thomas Fisher).

 

Après avoir traversé l’Atlantique, Andreas se retrouve au centre d’une guerre qui façonnera l’avenir de l’Amérique du Nord.