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Retour chez soi

Un homme en habit de colon et coiffé d’un haut chapeau mène un bouvillon à longues cornes qui tire une charrette à Rivière-Rouge. Deux personnes sont dans la charrette. Une femme, qui porte une robe rose et un châle bleu, et un homme, qui porte un manteau fait d’une couverture multicolore, regardent passer la charrette. La femme porte de courts mocassins perlés, une ceinture et des bracelets. L’homme porte des mocassins hauts et un pantalon rouge.

Charrette de Rivière-Rouge à Calgary. Huile sur carton commercial. Vers 1887-1909. Bibliothèque et Archives Canada, Fonds Edward D. Roper.

 

Les anciens soldats ne font pas toujours de bons fermiers. Après quelques années seulement, la plupart des vétérans qui ont migré vers l’ouest avec Selkirk se sont lassés de la ferme et souhaitent s’installer ailleurs. Les inondations printanières de la rivière Rouge compliquent la vie de fermiers. En 1821, de nombreux colons migrent au Minnesota, dans le sud. Ils évitent ainsi l’inondation désastreuse de 1822. D’autres font de même cinq ans plus tard, après la grande inondation de 1826, notamment Andreas Korgto. Nous ne savons pas précisément quand et où est allé Andreas Korgto, mais nous savons qu’en 1826, il avait bel et bien quitté le pays.

 

Croquis en noir et blanc montrant une vaste étendue inondée. Des bateaux et canoës flottent devant des maisons inondées, des arbres et une église avec un clocher.

La grande inondation de la rivière Rouge en 1826. Esquisse au crayon et à l’encre, Peter Rindisbacher. Archives du Manitoba.

 

Korgto a vécu beaucoup de choses après son arrivée en Amérique du Nord britannique. Il a participé à quelques-unes des plus importantes batailles de la guerre de 1812 en compagnie de ses compatriotes lituaniens. Il a eu deux fois l’occasion de s’enraciner au Canada, d’abord en Ontario, puis dans la Colonie de la Rivière-Rouge.

Mais qu’est-il arrivé aux autres Lituaniens de Watteville? Leur commandant, le colonel de Watteville, s’est assuré qu’ils recevraient le même traitement que tout autre soldat britannique. À la fin de la guerre, plusieurs se sont retrouvés à Sorel, dans le Bas-Canada (maintenant le Québec). Ils y ont reçu de l’argent pour le voyage et ont pris le bateau pour l’Angleterre en août 1816. Ils sont arrivés à Portsmouth le 28 septembre. Libérés de leurs obligations, nous croyons que la plupart sont retournés en Europe.

Les soldats grièvement blessés ont aussi reçu une petite pension de l’hôpital Royal Chelsea. À part les blessures reçues au combat, telles que « balle de mousquet à la jambe », plusieurs soldats ont souffert de difficultés laissées par un service militaire prolongé dans des conditions ardues. Le formulaire d’un pensionné du Royal Chelsea décrit ainsi son état : « affliction pulmonaire et épuisement ».

 

Recto et verso d’un document écrit à la plume d’oie. Un sceau en cire rouge se trouve au bas.

Recto et verso du certificat de libération de John Rattaville, pensionné de Chelsea. Archives nationales du Royaume-Uni à Kew.

 

Retraités en Europe ou travaillant pour gagner leur vie aux États-Unis, les Lituaniens du Grand-Duché qui ont survécu à la guerre de 1812 pouvaient être fiers de leur contribution. Les hommes qui avaient combattu dans l’armée de Napoléon avaient pris un risque en traversant l’Atlantique. Ils avaient laissé derrière eux tout ce qui leur était familier et avaient dû refaire leur vie dans des conditions éprouvantes.

Leurs sacrifices durant la guerre et leur maintien de la paix à la Colonie de la Rivière-Rouge ont contribué à la survie et au développement du Canada à titre de nation