Avancer à toute vapeur
Les voyages en train à vapeur étaient en plein essor dans les années 1920. Par conséquent, la rotonde de la rue John fonctionnait 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Au début des années 1940, la demande et la pression sur les chemins de fer ont augmenté, car l’effort de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) exigeait le transport de troupes et de matériels.
Au cours de l’été 1942, on comptait environ 50 trains du Chemin de fer Canadien Pacifique (CFCP) par jour qui entraient dans la gare Union et en sortaient. Chaque train était tiré par une locomotive à vapeur qui devait être révisée à la rue John après avoir terminé son voyage.
Les moteurs à diesel
À la fin des années 1930, l’énergie diesel-électrique a remplacé les moteurs à vapeur. Ce changement a commencé principalement dans les villes où les nuages de fumée de charbon étaient impopulaires auprès des citadins. Le fonctionnement et l’entretien des machines à vapeur étaient par ailleurs coûteux : il fallait au moins deux personnes pour les faire fonctionner (un conducteur et un pompier), et elles passaient huit heures ou plus en révision après un voyage. La nouvelle technologie diesel était beaucoup plus efficace, et les compagnies de chemin de fer ont pu réduire leurs coûts de personnel et d’entretien en adoptant un parc de véhicules à moteur diesel.
Le CFCP a mis hors service la dernière de ses locomotives à vapeur en 1960. Toutefois, au cours des années 1970, plusieurs machines à vapeur ont été restaurées à la rotonde. Ces machines appartenaient à des particuliers et étaient utilisées pour des voyages spéciaux. Un certain nombre d’employés du Canadien Pacifique de la rue John étaient encore familiers avec ces machines, y compris M. Clarke. De plus, la rotonde contenait encore les installations et l’équipement nécessaires; d’autres rotondes au Canada avaient été démolies ou leur équipement d’entretien de la vapeur avait été retiré.
Les locomotives en vedette
M. Clarke a supervisé la restauration des locomotives à vapeur no 136 et 1057 du CFCP, qui appartenaient à la South Simcoe Railway de Tottenham, en Ontario. La locomotive no 136 est particulièrement intéressante, car elle a joué un rôle vedette à la télévision.
En 1973, la CBC a diffusé une série télévisée basée sur les œuvres de Pierre Burton, The National Dream (1970) et The Last Spike (1971). Ces œuvres ont connu un grand succès et ont contribué à faire connaître l’histoire des chemins de fer au public. Le défi pour la CBC était de trouver du matériel ferroviaire d’époque à utiliser pour le tournage, car de nombreuses locomotives âgées avaient été mises au rebut par les compagnies ferroviaires.
L’« accessoire » le plus important pour cette série était une locomotive à vapeur en état de marche, caractéristique de cette époque. La locomotive choisie par l’équipe de tournage était la n° 136. Cependant, bien qu’ayant été construite en 1883, elle avait été considérablement modifiée au début du 20e siècle et ne correspondait plus à l’époque souhaitée. La locomotive a été remise en état chez Hume Equipment à Milton, en Ontario, et transportée par camion à la rotonde de la rue John pour les derniers travaux et la peinture. Plusieurs modifications esthétiques ont été apportées, notamment une cabine en bois, une longue veilleuse, un phare à huile et plusieurs cheminées différentes. Les numéros amovibles sur la cabine et le tender, ainsi que d’autres embellissements, ont permis à la n° 136 de représenter au moins trois moteurs différents dans la production.