En grève!
Les mineurs recouraient à des mouvements de grève dès les premiers jours de l’industrie du charbon dans l’Ouest canadien, et ce, afin d’étayer leurs revendications d’une rémunération plus juste, d’une sécurité minière accrue et de conditions de travail améliorées.
La création du District 18 de la United Mine Workers of America, qui représentait les mineurs dans le sud-est de la C.-B. et le sud de l’Alberta, mettait plus de pouvoir entre les mains des grévistes. En 1903, la police de Fernie intervint pour empêcher des grévistes de harceler des travailleurs non syndiqués, c’est-à-dire des « scabs », engagés par la compagnie pour briser la grève. Qui plus est, les compagnies pouvaient congédier toute personne qui promouvait la syndicalisation. Une deuxième grève, déclenchée le 22 septembre 1906, dura presque deux mois. La troisième grève, et la plus longue, survenue à Coal Creek et à Michel en 1911, dura huit mois et vit la participation de 6000 hommes. Les résultats n’en furent guère favorables; les travailleurs reprirent le travail et trouvèrent moins d’argent dans leur enveloppe de paie.
Or, ce fut la grève de 1906 aux Houillères Galt et Ashcroft, à Lethbridge, qui fit ressortir des enjeux d’ordre régional dans l’arène nationale. La crainte d’une pénurie de charbon incita le gouvernement fédéral à agir. En 1907, il adopta la Loi des enquêtes en matière de différends industriels, qui classa l’industrie du charbon ainsi que les chemins de fer comme services publics et imposa la conciliation obligatoire.
En juin 1915, des mineurs à Fernie réclamèrent l’internement dans le camp Morrissey, récemment ouvert, de compagnons de travail célibataires et mariés ayant une famille en Europe de l’Est. Bien que le gouvernement italien se fût rangé du côté des Alliés (le Fernie Free Press publia les noms de réservistes italiens qui étaient admissibles à s’enrôler dans leurs unités pendant la guerre en Europe), il planait toujours une certaine méfiance à l’endroit des mineurs italiens et de l’Europe de l’Est.