Transcription : Jake Jacobson
Jake Jacobson raconte l’incendie de Silver Creek à partir de la foudre jusqu’au moment où ils ont éteint le dernier arbre en feu :
<< Bonjour, je m’appelle Jake Jacobson. J’habite à Salmon Arm depuis 1968. J’ai été officier en gestion du feu avec le ministère des Forêts depuis 1986 et aussi un lieutenant au service d’incendie de Salmon Arm.
Le 29 juillet 1998, j’étais sur ma terrasse à Gleneden et j’ai vu la foudre frapper à Silver Creek. À l’époque, parce que j’étais sur appel, ma radio était allumée et en quelques minutes, j’ai entendu le bureau principal essayant de rejoindre l’officier Eddy Chaykowski, revenant d’un incendie mais on avait des ennuis avec la communication.
Dans la zone de Gleneden, il y a un endroit où les ondes de radio ne passent pas, mais heureusement j’ai réussi à le rejoindre sur ce qu’on appelle une fréquence Simplex, c’est une radio à radio qui ne passe pas par le répéteur et j’ai envoyé Eddy aux collines Fly pour vérifier ce rapport d’incendie.
Quelques heures plus tard, j’ai reçu un appel du bureau de la zone de Salmon Arm, pour aller aider Eddy parce que de la machinerie lourde arrivait. L’incendie se comportait de manière erratique et imprévisible. Il a fallu environ de 45 à 50 minutes de conduite de la vallée jusqu’à l’incendie et à ce moment-là, Eddy était déjà entré dans la zone de feu et il s’est avéré que c’était dans un canyon composé de 4 pentes abruptes.
Le feu continuait d’avancer de façon agressive, même si les avions-citernes avaient fait 2 ou 3 largages. Ma première tâche, croyez-le ou non, était d’empêcher la machinerie lourde d’aller vers la zone de feu.
La sécurité était toujours notre priorité. Il était dangereux d’y aller autant pour l’équipement que pour les équipes à cause de l’activité du feu. Au début nous n’avions aucun contrôle. Il fallut donc effectuer une reconnaissance de la région. Nous devions savoir ce qui s’était passé avec le feu, nous devions avoir des routes d’évacuation, des zones sécuritaires avant de pouvoir y envoyer des équipages. Donc comme je disais, ma tâche était de m’occuper des bulldozers et des pelles mécaniques qui se présentèrent.
Il sourit. C’était un travail très intéressant. Les conducteurs de machinerie lourde étaient très anxieux d’y aller et d’agir, mais nous ne pouvions pas les laisser avancer.
Encore une fois, la sécurité était notre priorité. En début de soirée, il commençait à faire sombre et nous n’avions pas encore eu accès à l’incendie. Nous avons décidé d’attendre jusqu’au matin. C’est vraiment difficile de combattre les incendies pendant la nuit, surtout dans une situation comme celle-là où nous n’avions pas de bonnes routes et un incendie très agressif.
J’ai contacté le Bureau de la zone pour leur dire que j’étais un peu préoccupé par la progression du feu et qu’il était juste au milieu de Silver Creek et que le vent du soir pourrait le pousser vers le bas dans la vallée. J’ai demandé à rester à Silver Creek pour la nuit afin de surveiller le feu. Ils m’ont dit oui.
J’ai conduit vers le bas de la vallée au sud du pont de Silver Creek, j’ai trouvé un bon endroit d’où je pouvais voir le feu et là je me suis assis pour la soirée et je me suis fié à mon intuition. J’ai placé mon pouce de façon à ce que l’incendie soit juste au-dessus et me suis dit que si le feu arrive au milieu de mon pouce, j’appelle pour une évacuation.
Elle avait déjà été planifiée au Bureau de la zone, tout était en place si nous devions l’annoncer. À peu près à chaque heure je replaçais mon pouce et leur disais que le feu était toujours OK, pas besoin d’une évacuation. Le feu n’a pas progressé à cause des vents vers le bas de la vallée cette nuit-là.
Le lendemain matin tout le monde arrivait, nous avons eu toutes sortes d’équipes, d’équipement et nous avons été en mesure de lutter énergiquement contre l’incendie.
À la fin septembre, l’incendie est bien éteint. Au mois d’octobre, nous patrouillions et on m’avait assigné au poste de commandant de l’incident, rien d’important…
J’avais deux équipes qui patrouillaient, en faisant des allers-retours pour s’assurer qu’il n’y avait plus de fumée.
Eh bien, le 6 octobre en après-midi, nous apercevions de la fumée sur le côté ouest de la vallée. Nous sommes allés vérifier et c’était un énorme pin ponderosa, qui brûlait de l’intérieur et on ne pouvait déterminer depuis quand. La cime s’était brisée et il brûlait comme une bougie.
Lorsque nous sommes arrivés, nous n’avions même pas de pompes, nous étions juste en patrouille. Nous ne nous attendions pas à voir un feu.
Eddy Chaykowski, faisait aussi partie d’une patrouille, c’était l’officier en gestion du feu, qui le premier s’était rendu au foyer de l’incendie, il était certifié pour abattre les chicots dangereux.
Alors je l’ai appelé et je lui ai dit : « C’est un arbre dangereux, d’environ 1,5 mètre de diamètre, la base est brûlée, la cime est déjà tombée. C’est sur une pente abrupte près d’une crête et d’un ruisseau de l’autre côté. Pouvez-vous le faire tomber près du ruisseau? »
Et il l’a fait! Il est tombé exactement où nous le voulions.
Il l’a débité en morceaux et j’ai envoyé 2 membres de mon équipe près du ruisseau. Le reste d’entre nous avons fait rouler ces bûches en haut de la colline, au-dessus de la crête et dans le ruisseau. Ensuite nous nous sommes éclaboussés avec plaisir. Nous avons éteint un feu qui brûlait à l’intérieur d’un arbre, nettoyé la zone et nous sommes partis chez nous.
Et il ajoute en souriant : ça c’était la fin de l’incendie de Silver Creek en ’98. >>
Crédit vidéo :
Deborah Chapman
Salmon Arm Museum, vers 2016