Transcription : Ken Tebo
Ken Tebo, chef de pompiers retraité parle à propos de l’incendie de Silver Creek :
<< Je m’appelle Ken Tebo. J’ai été le chef des pompiers pour le District de Salmon Arm pendant 25 ans ainsi que pour l’incendie majeur de 1998.
Tout a commencé très simplement. Nous prenions un café sur la terrasse arrière de la caserne de pompiers, tout à coup un éclair sortit d’un nuage, frappa la montagne de l’autre côté de la vallée et nous avons pensé que nous ferions mieux de surveiller cela. Nous l’avons fait pendant cinq à dix minutes, ça s’est déplacé vers le haut de la montagne très rapidement.
Le Service des forêts a été notifié; ils ont envoyé un avion-citerne pour le combattre mais à ce moment-là, il se déplaçait vers le haut de la montagne et était impossible à arrêter. Il est resté au sommet pendant trois ou quatre jours.
Nous le surveillions. Nous avons mis en place un petit Centre des mesures d’urgence, sans trop nous inquiéter du feu à ce moment-là. Mais trois ou quatre jours plus tard, le vent s’est mis à souffler déplaçant le feu vers le bas de la montagne, se dirigeant vers le petit village de Silver Creek, traversant la vallée et menaçant la ville de Salmon Arm.
Nous pouvions entendre les transmissions radio du Service d’incendie de Silver Creek alors j’ai envoyé un de mes capitaines pour voir ce qui se passait. Il a communiqué par radio pour dire que nous avions des problèmes. La fumée a envahi la ville, on pouvait à peine voir, des personnes étaient en danger immédiat au sud de Salmon Arm.
Certains bâtiments de Silver Creek avaient déjà brûlé. J’ai décidé d’obtenir quelques ressources de plus. J’étais membre de l’exécutif de l’Association des chefs de pompiers de C.B., j’ai appelé tout le monde de Kelowna, de Kamloops à Revelstoke, et tous les points entre les deux pour voir s’ils pouvaient nous envoyer de l’équipement et de la main-d’œuvre, ce qu’ils firent.
On n’a jamais discuté d’argent, ils ont dit que ça pourrait être eux la prochaine fois.
Quand ils sont arrivés dans la ville nous n’avions aucune façon de les diriger. Nous devions trouver un moyen.
Nous avons utilisé une grande carte de la ville et nous avons déplacé des capsules de bouteilles numérotées comme des pions d’un jeu d’échecs afin que personne ne se perde. Il fallait aussi assigner à chaque unité un de nos pompiers volontaires et une radio portative parce que tout le monde utilisait des fréquences différentes et comme ils ne connaissaient pas la ville, les pompiers les ont guidés.
Ils ont réussi à sauver quelques bâtiments au sud de Salmon Arm.
C’est devenu tellement chaud et enfumé que certaines de nos équipes ont dû abandonner leurs lignes de tuyaux pour sortir de la trajectoire du feu et se diriger vers un terrain plus sécuritaire. Heureusement en soirée, le vent et le feu se sont calmés et le lendemain matin nous sommes revenus à la normale si on peut appeler cela normal.
Beaucoup de gens se présentaient maintenant au Centre des mesures d’urgence. Nous avions B.C. Hydro, des représentants des chemins de fer, des routes, des mesures d’urgence, le Service des forêts, ils étaient tous en ville. Nous avons même reçu une station météorologique complète.
Alors que l’incendie était stable, nous avons eu une rencontre et la météorologue pleurait, en fait, elle était en larmes à la pensée de nous dire qu’il y aurait un comportement de phénomènes météorologiques extrêmes le lendemain.
Donc, après la réunion, j’ai parlé à Roy Benson qui était le chef de lutte pour le Service des forêts et lui demandai ce que nous devrions faire à partir d’un point de vue de lutte d’incendie structurel.
Et il m’a conseillé d’obtenir autant de camions de pompiers que je pouvais dans la ville.
J’ai donc décidé de demander au Commissaire des incendies des fonds pour amener des camions supplémentaires. Nous avons également demandé que tous les hommes ainsi que les camions qui étaient ici plus tôt reviennent à Salmon Arm.
Autour de 21 h, j’ai reçu l’autorisation du Commissaire de faire venir des camions de différentes parties de la province. À 21 h, j’ai téléphoné à mon ami le chef des pompiers Arkel de la ville de Langley et lui ai demandé s’il pouvait envoyer une douzaine de camions de pompiers à Salmon Arm.
Il a dit: << Je vais voir ce que je peux faire, quand en avez-vous besoin? »
Je lui dis que nous en avions besoin à 6 h le lendemain matin.
Il m’a téléphoné à 22 h pour me dire que 12 camions étaient en route pour Salmon Arm et qu’ils seraient là tôt le lendemain.
Bien sûr, ils sont arrivés à environ 7 h le lendemain le 10 août, le jour où nous attendions la grosse tempête de vents. Elle est arrivée mais les vents sont restés en altitude et nous avons été épargnés de l’incendie dévastateur qui nous avait tellement inquiétés.
Cette fois, la moitié de la ville avait été évacuée, nous avions mis en place des centres d’accueil à travers la région pour les personnes déplacées. Beaucoup de pompiers avaient envoyé leur famille chez de la parenté ou des amis hors de la ville et nous nous attendions au pire.
Nous avons eu quelques incidents assez inhabituels.
Les conducteurs de deux camions de pompiers venus de la côte par l’autoroute à péage du Coquihalla étaient déterminés à ne pas payer. Ils ont juste allumé leurs feux et leurs sirènes et ont passé tout droit. Les employés au poste de péage n’étaient pas très contents de cette situation, mais finalement tout est rentré dans l’ordre.
La population de Salmon Arm a été un atout majeur. Les gens se sont rassemblés, ils nous ont nourris pendant les deux premiers jours, l’Armée du Salut était en ville et a nourri les pompiers. Les gens ont aidé les résidents pour l’évacuation. Nous avons dû déplacer des animaux. C’était une entreprise majeure et à la suite de l’incendie, la coopération entre le Service des forêts et le groupe de lutte contre les incendies de structure s’est avérée une réussite et a été utilisée comme modèle pour presque chaque incendie de forêt depuis y compris celui de Kelowna en 2003. Dans l’ensemble ce fut une rude épreuve pour les personnes à Salmon Arm. Heureusement, nous avons été épargnés de la dévastation majeure qui aurait pu se produire. >>
Crédit vidéo :
Deborah Chapman et Ryon Ready
Salmon Arm Museum, vers 2015