Rick Choppe
Alors Rick, selon vous, quelle est la raison d’être de la garde d’honneur?
Je pense que la garde d’honneur doit être un beau groupe bien entretenu parce qu’elle représente tous les membres du service d’incendie. C’est donc important de bien paraître.
Pourquoi avez-vous intégré les rangs de la garde d’honneur?
Je suis sorti de l’armée peu après avoir intégré le service d’incendie, et quand l’annonce de la garde d’honneur s’est faite, je savais déjà comment faire la marche parce que j’avais appris comment faire dans l’armée. Je me suis dit que je pouvais jouer un rôle dans la garde d’honneur, à ses débuts. Je pense que c’était en octobre ou en novembre 1972. J’ai donc été un des premiers membres de la garde d’honneur. Je me suis dit que je pouvais jouer un rôle à cause de ma formation militaire.
Comment votre participation à la garde d’honneur vous a-t-elle touché?
La garde d’honneur m’a permis de connaître beaucoup de membres du service d’incendie. Parfois, c’était difficile, parce qu’il fallait assister aux funérailles de pompiers retraités et aussi, aux funérailles de pompiers et de policiers actifs. C’était émouvant, mais c’était quand même bien de pouvoir contribuer au bien-être de chacun. Parce qu’on défile devant les citoyens, il faut bien paraître.
Pouvez-vous me parler d’une cérémonie ou d’un événement qui a eu un sens particulier à vos yeux?
C’était, je pense, en juillet 1992, quand Morley James est mort dans l’incendie de l’hôtel Forest Lawn. La garde d’honneur a représenté le service d’incendie à ces funérailles. Ce n’était pas facile, mais ce qui était beau à voir, c’est que lorsque le cortège passait, les gens se tassaient et s’arrêtaient pour rendre hommage à Morley. C’est un événement qui m’a touché particulièrement.
Aimeriez-vous ajouter autre chose?
Nous avons fait des choses vraiment intéressantes. Par exemple, nous avons gardé la Coupe Stanley à l’hôtel de ville. Je pense que c’est pendant cette même année que les Blue Jays ont remporté la coupe, qui avait été envoyée à l’hôtel de ville aussi et nous en avons assuré la garde en quelque sorte. Et… une autre chose qui s’est produite en 1992, en plus des funérailles de Morley James, nous avons assuré la garde de la Reine. Je pense que c’était pendant le Stampede de 1992. Elle était venue en ville. Je ne suis pas certain si c’était pendant le Stampede, mais il me semble que c’était à peu près au mois de juillet. Nous nous sommes alignés, elle est arrivée dans sa limousine, en est sortie, et comme je l’ai déjà dit, elle a toute une présence. Il ne fait aucun doute qu’elle dégage quelque chose de bien particulier.
Comme on le disait tout à l’heure, la statue au centre-ville, au monument des pompiers disparus, c’est une copie conforme de moi. Ils ont pris de la soie dentaire. Pas de la soie dentaire, mais quelque chose d’autre, comme un plâtre délicat. Ray Arnett était l’artiste, et le syndicat des pompiers de Calgary voulait des statues de pompiers et de policiers pour les Jeux mondiaux des policiers et pompiers qui ont eu lieu à Calgary en 1997. À un moment donné, j’étais au bureau syndical, et Bill Weisenburger, que je connaissais, faisait partie du syndicat. Il m’a dit : « Rick, aimerais-tu… est-ce que tu voudrais servir de modèle pour cette statue? » Et j’ai répondu : « Bien sûr, j’imagine ». Je suis donc allé chez Ray Arnett plusieurs fois parce que ça s’est fait par étapes. Une des étapes consistait à me mettre du plâtre directement sur le visage. Il m’avait donné une petite paille pour que je puisse respirer par la bouche. Je vous ai parlé de ma fille. Elle me disait : « Rick, tu as même fumé pendant ce temps-là », et je lui ai dit : « Ce n’était pas pour fumer, c’était pour respirer ». Il faut quelque chose pour nous aider à respirer parce que tout le visage est couvert de plâtre. J’ai déjà dit aussi qu’il faut presque être pompier pour faire ce genre de chose parce que nous sommes habitués de porter un masque, de ne rien voir, et ainsi de suite. Donc ça ne nous dérange pas. Mais cette statue, c’est une copie conforme de moi. Je suis certain qu’on peut y voir le moindre bouton ou la moindre fossette si on s’en approche. Je suis content que la statue soit de couleur foncée et en bronze, parce que comme je l’ai dit, c’est une copie conforme. Je me souviens quand il a fait les mains. Il a fait les mains séparément, avec des gants. Il m’a expliqué que lorsqu’il mettait du plâtre sur les gants, une fois fini, on peut voir chaque couture des gants, le moindre fil. C’est un système de précision. Le plâtre a détruit mon uniforme, parce que je le portais quand l’artiste moulait son plâtre. Ça a tout abîmé. Pendant le processus de copie, mon uniforme de garde d’honneur a été amoché parce qu’il a dû en faire une copie exacte. Quand il a mis le plâtre sur l’uniforme, ça lui a permis d’obtenir une copie précise, mais ensuite, il a dû couper mon uniforme pour que je puisse en sortir. L’uniforme n’était donc plus bon. À ce moment-là, je pense que ça faisait probablement 26 ans que je faisais partie de la garde d’honneur, à mon grand bonheur. Vern Stuart était le sous-chef de la caserne 16 et il avait entendu dire que mon uniforme n’était plus bon. Il m’avait dit qu’il m’en procurerait un autre. Je me disais que 26 ans, ça commençait à faire pas mal de temps. Je lui ai dit que s’il devait commander un nouvel uniforme, qu’il était aussi bien de le donner à une nouvelle recrue, parce que c’était à peu près le temps de tirer ma révérence, que j’étais un peu trop vieux pour ça. Alors c’est ça, j’ai détruit mon uniforme, mais ça valait vraiment la peine parce que j’espère que cette statue va représenter le service d’incendie pendant longtemps. Et l’artiste était Ray Arnett. C’était une des choses que Bill Weisenburger et le syndicat faisaient… Bill Weisenburger représentait les pompiers au sein du syndicat. Ils ont reçu six à huit propositions, dont un grand nombre provenant de pompiers en uniforme, mais le syndicat a opté pour quelque chose de plus officiel, soit la garde d’honneur en uniforme de cérémonie. Le syndicat avait aussi décidé que l’officier de police en uniforme numéro un serait une meilleure représentation du service. Et je suis content de cette décision, parce que j’ai eu l’occasion de jouer un rôle dans cette affaire. Quand ma mère vivait, ça la rendait bien fière. Pour la personne qui regarde la statue, c’est difficile de dire que c’est moi, à moins que ce soit ma mère ou ma sœur qui la regarde, ce qui n’est pas une mauvaise affaire. Merci pour ça.