Brian Freney
J’étais un des membres fondateurs de la garde d’honneur du service d’incendie de Calgary. Après le décès de Lloyd Dutnall en septembre 1970, à ses funérailles… on était aux funérailles, et les gars ne savaient pas s’ils devaient tourner à gauche ou à droite, ou être au garde-à-vous. Dennis et moi, je veux dire Dennis McIvor et moi, nous avons discuté de la situation sur le chemin du retour à la caserne numéro 13, et nous nous sommes dit qu’une garde d’honneur serait une bonne chose pour le service d’incendie. On y a pensé, on en a discuté et on a fini par envoyer une lettre au chef le jour même, histoire de lui faire une proposition. Le chef a acheminé notre lettre au capitaine Al Sanofsky, et c’est là qu’il a dit qu’il n’y aurait jamais de garde d’honneur de son vivant au service d’incendie. Quelques mois plus tard, on a annoncé que le congrès des chefs de pompiers aurait lieu à Calgary. Le chef a alors dit au capitaine Sanofsky qu’il y aurait une garde d’honneur. C’est comme ça que la garde d’honneur du service d’incendie de Calgary a vu le jour. Les choses vont bon train depuis. On a traversé des moments difficiles, quand on n’avait pas assez de membres, mais la fortitude et le désir l’ont emporté, au point où maintenant, la garde est fantastique. Ça fait partie de l’histoire… notre garde d’honneur a probablement été la première garde d’honneur d’un service d’incendie au pays, et c’est beau de voir à quel point tout tourne rondement aujourd’hui.
On avait toujours ni plus ni moins un groupe d’environ six personnes, et il y avait juste assez d’activités comme la soirée des dames, les réceptions civiques et les funérailles pour occuper six à huit d’entre nous régulièrement. Parfois, c’était un peu décourageant. On nous appelait les porteurs rémunérés aux funérailles. On nous faisait la vie dure quand on demandait congé pour faire nos répétitions ou pour aller à ces événements ou pour d’autres raisons. Mais comme je le disais, on a persévéré et on n’a pas laissé des choses comme ça nous déranger. C’est pour ça qu’aujourd’hui, la garde d’honneur fait partie intégrante du service d’incendie.
Pouvez-vous me parler d’un événement qui vous a marqué plus particulièrement?
Pour moi, l’événement le plus marquant, ce seraient les funérailles de Morley James. Morley est mort en combattant un incendie. C’était le premier décès officiel d’un pompier auquel la garde d’honneur a dû assister. À ce moment-là, je ne faisais plus partie de la garde d’honneur. J’avais été muté et je faisais désormais partie de la section locale 255, mais à la vue de la garde devant l’autopompe portant le cercueil sur Glenmore Trail, c’était très inspirant et émouvant. Les gars paraissaient super bien et ce jour-là, le service d’incendie a atteint de nouveaux sommets. Ils étaient tellement professionnels. Depuis ce temps-là, d’autres services d’incendie ont créé leur propre garde d’honneur. Mais comme je l’ai déjà dit, je suis certain que la toute première garde d’honneur d’un service d’incendie au Canada était à Calgary.
En parlant de l’histoire de la garde d’honneur du service d’incendie, deux pompiers sont morts à Edmonton, en 1978, je crois. On avait décidé de s’y rendre pour représenter la garde d’honneur du service d’incendie de Calgary. À l’époque, le chef nous avait interdit d’utiliser les véhicules du service en dehors de la ville. Mais vous savez quoi? On les a pris quand même. Environ 12 à 14 membres de la garde sont allés aux funérailles à Edmonton dans deux fourgons. En arrivant à la caserne, leur caserne numéro 1, on a pris notre équipement, on est allés à l’intérieur et on s’est changé. Ensuite, on est retourné dehors, placés en formation, et tout le monde nous a regardé comme si c’était du jamais vu. En fait, le service d’incendie d’Edmonton s’est tourné de bord et a dit « On va les suivre »! C’est un moment empreint de fierté pour notre garde d’honneur, d’aller à l’extérieur de notre ville et d’être reconnus en conséquence.
Racontez-moi la fois où il y avait des cornemuseurs d’un peu partout dans le monde. Racontez-moi cette histoire.
C’était le deuxième congrès des chefs, au centre-ville. On avait déjà fait la cérémonie d’ouverture du congrès des chefs, en 1980 ou 1981. En même temps, il y avait une compétition de cornemuseurs et de tambours du monde entier à Calgary. Il y en avait de l’Angleterre, de l’Écosse, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis. Après nos cérémonies, certains membres de la garde d’honneur prendre un verre au Mewata Armouries. La compétition des cornemuseurs et des tambours avait lieu là. Nous avons passé beaucoup de temps là-bas à écouter la musique et à regarder la compétition entre les divers groupes. Puis, pour une raison quelconque, je me suis dit qu’on devrait retourner au congrès des chefs pour voir ce qui se passait. Quelques cornemuseurs, un tambour et moi-même sommes allés au centre des congrès. Quand on est entré, c’était mort, comme si c’était des funérailles. Personne ne dansait, rien ne se passait. C’était vraiment tranquille. Quand les cornemuseurs et le tambour sont passés, tout le monde s’est levé et s’est mis à applaudir et à crier. Les gens se sont réveillés. Le lendemain, la fille qui dirigeait le congrès, Darlene, est venue me voir et m’a dit : « Brian, je ne sais pas comment l’idée t’est venue, mais ça a fait toute une différence. » C’était spontané, mais amusant. Vous savez, les pompiers, ils font des choses drôles, au bon moment.
Aimeriez-vous ajouter autre chose?
(24:34) Je veux juste vous remercier de nous avoir permis de raconter l’histoire de la garde d’honneur. Et comme je l’ai déjà dit, je remercie sincèrement les membres de la garde d’honneur qui ont continué l’histoire et gardé la garde d’honneur en vie. Les normes sont beaucoup plus élevées qu’au début. C’est ça qu’on a légué au service d’incendie.